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Les dents étaient presque parfaites...
30/01/2015

Un "vrai" sourire

"Pour la dernière étape de la réhabilitation, nous conservons notre démarche progressive et prudente", détaille le chef de service. Le dentiste retire les prothèses transitoires en résine par fraisage. Il les remplace par des facettes et des onlays en céramique, qui ont été réalisés par le laboratoire de prothèse. Ces prothèses sont collées aux dents. Les nouveaux éléments placés en bouche continuent évidemment à surélever la dent usée, à la reconstituer, comme le faisait la résine précédente.

"Nous n'avançons que par 2 ou 3 dents à la fois. Cette précaution nous permet de bien garder nos repères occlusaux ", ajoute-t-il. Dans les cas fortement avancés d'usure, comme chez ce patient, les restaurations ont concerné les deux mâchoires. Mais il arrive que l'on puisse se contenter d'intervenir seulement sur l'arcade la plus touchée.

Ensuite... le travail du dentiste est terminé, et le patient a retrouvé un vrai sourire esthétique ainsi qu’une fonction adéquate. Néanmoins, lorsque le problème avait pour origine une abrasion, le port d'une gouttière de protection nocturne reste obligatoire. Après tant de travaux, longs, délicats et pour le moins onéreux (jusqu'à plusieurs milliers d'euros), il serait en effet "dommage" de recommencer à reproduire un phénomène d'usure dentaire...

"Les prothèses en céramique qui ont été posées sur les dents ne sont pas destinées à subir une érosion démesurée. Elles sont posées sur des dents fragilisées au départ. Continuer à prendre des risques indus serait d'autant plus regrettable qu'une nouvelle érosion ne permettrait sans doute plus de faire appel à des techniques de collages. Les patients doivent donc rester sensibilisés, motivés, rester impliqués dans la suite et dans l'évolution de leurs traitements", remarque le praticien. Dans le cas décrit par l'article, un an après la fin du traitement, aucune complication n'entachait la satisfaction du patient...

Les statistiques actuelles montrent que cette approche en 3 étapes donne de bons résultats à 5 ans, avec un taux de succès comparable aux techniques de prothèses auxquelles il était fait appel avant que les collages ne changent le visage de la dentisterie. "Les chiffres démontrent que, même sur des dents très abimées, les collages ne sont pas à risque d'échec", insiste le Pr Vanheusden. Les techniques préconisées ici sont-elles supérieures aux procédures "traditionnelles"? Pour le moment, faute de recul, on ne peut l'affirmer. Pourtant, le chef du département de dentisterie en est persuadé. "Une couronne reste bien plus agressive qu'un collage : pour poser cette dernière, il faut par exemple enlever près de controle usure3 fois plus de tissus près de la gencive que pour un collage de facette. Sur un plan biologique, les facettes collées sont également nettement moins agressives. Elles représentent un progrès immense, permettant de réaliser de belles choses, même sur des cas très avancés."

Actuellement, face aux difficultés que représente la prise en charge des cas d'usure dentaire avancée, un grand nombre de dentistes préfèrent envoyer les patients concernés dans les services universitaires comme celui du Pr Vanheuspen. D'autres suivent les formations et les recyclages proposés (par exemple, à Liège), afin de se familiariser avec le protocole à suivre scrupuleusement. Certains l'appliquent déjà. Dans tous les cas, ce qui importe, c'est que le message passe : l'usure ou l'érosion dentaire doivent être prises en charge aussi rapidement que possible dans les cabinets dentaires ou par un service spécialisé. Et même pour les situations critiques, il existe des solutions, efficaces. La démonstration que l'usure n'a pas toujours le dernier mot ?

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