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Les dents étaient presque parfaites...
30/01/2015

Pour le jeune patient liégeois confronté à une usure généralisée de sa dentition, cette philosophie "conservatrice" et respectueuse des tissus restants a prévalu, doublée par une approche pluridisciplinaire. Les techniques chirurgicales (avec, par exemple, la pose d'implants) et de prothèses (par collages) ont été planifiées, combinées et associées dans le plan de traitement.

En fait, l'équipe liégeoise n'a pas inventé de A à Z le protocole appliqué à ce patient. Il s'est inspiré de la démarche appliquée par le département  de dentisterie de l'université de Genève (Suisse) au sein duquel travaille Franscesca Valaiti, auteur de nombreuses publications dans cette approche de traitement peu invasive. Mais le Pr Vanheusden a ajouté sa touche aux procédures à suivre. Il a appliqué une variante qui permet, dans l'une des étapes du traitement, d'alléger la procédure assez contraignante suivie par l'équipe suisse. Sans dommage pour le traitement, le praticien évite ainsi un certain nombre de corrections occlusales qui, à défaut, devraient être réalisées dans la bouche du patient.

Trois étapes, pas par pas

Autant en être conscient : restaurer une denture aussi dégradée que chez ce patient est un défi qui passe obligatoirement par un  traitement long. "Dès le début, les raisons pour lesquelles on entreprend les soins doivent être clairement expliquées à la personne", rappelle le Pr Vanheusden. La motivation du patient est un facteur important. Ne serait-ce que parce qu'il doit  être partie prenante des changements de comportements à opérer afin de stopper le phénomène d'usure...

Les soins, eux, se déclinent en  3 temps. Dès la première étape, les problèmes d'occlusion sont au coeur de la thérapie. A ce stade, il est impossible, pour le dentiste, de savoir quelle va être la hauteur à reconstituer et à restaurer exactement pour chacune des dents concernées. Il s'agit donc de l'estimer. Soyons clairs : ce "jeu-là" se joue au millimètre près. En tout cas, chaque espace qui modifie l'équilibre de l'architecture des arcades dentaires doit pouvoir être supporté par le patient...Et c'est d'abord cela qu'il faut évaluer.

Certaines lésions d'érosion ou d'usure ont entraîné une perte de ce que l'on nomme la « dimension  verticale d'occlusion » (DVO). Lorsque les dents sont usées, elles ne rencontrent plus leur vis-à-vis aussi vite lorsque la mâchoire est fermée. Dans certains cas, cela conduit même certaines dents à bouger, à "sortir" de la gencive (on parle d'égression). Bref, l'occlusion est perturbée. Il faut rétablir une nouvelle DVO, qui préparera le terrain aux "nouvelles dents", celles qui seront, à terme, reconstituées à la "bonne" hauteur.

"Dans cette première étape, nous avançons par essais, détaille le praticien. En tout premier lieu, une gouttière amovible est réalisée en résine. Elle sert de protection contre une dégradation de la dentition. Mais, à partir des modèles en plâtre qui ont servi à sa confection, la gouttière engendre une surélévation de l’occlusion, afin de compenser la perte de DVO", poursuit le Pr Vanheusden (photos). L'objectif consiste à surveiller de quelles manières le patient réagit, c'est-à-dire comment il supporte la gouttière qui rétablit la nouvelle DVO. Ce point est essentiel : il s'agit de s'assurer que la restauration en céramique, posée dans la phase ultime du traitement, conviendra parfaitement à la personne.

Durant 3 semaines, le patient porte donc cette gouttière qui entraîne une augmentation de sa DVO (de 1 à 5 millimètres). Il note son ressenti au réveil, y compris d'éventuelles contractures au niveau des muscles masticateurs. "Au début, il s'agit d'un grand changement pour lui, admet le praticien. Mais une fois la valeur supportée validée, elle devient notre valeur de référence, celle qui servira de référence lors de la restauration finale des dents usées", souligne le chef de service.

Du provisoire qui en dit long

La seconde phase du traitement peut alors débuter. Elle mène à la pose de restaurations partielles provisoires. Tout d'abord, d'après le moulage de la denture actuelle, le laboratoire de prothèse réalise ce que l'on nomme des wax up. Ces modèles en cire sont conçus en fonction des indications issues du port de la gouttière et à partir de l'empreinte de la mâchoire.

Une fois réalisés, les wax up en cire donnent une idée bien précise de ce que à quoi chaque dent usée ressemblera, une fois restaurée, le tout dans un ensemble permettant de retrouver un maximum des contacts dento-dentaires. A partir des wax up, des prothèses en résine sont ensuite réalisées. Fines et fragiles, elles restaurent la hauteur souhaitée aux dents sur lesquelles elles sont provisoirement collées et sur lesquelles elles vont devoir rester pendant plusieurs semaines

"A ce stade, nous sommes encore dans une approche transitoire, mais plus précise qu'avec la gouttière. En effet, il ne s'agit plus de faire porter entre les dents du patient un corps étranger. La personne va vivre et dormir avec ces prothèses conçues d'après les wax up. Ces restaurations temporaires nous permettent de confirmer que nous avons atteint une nouvelle DVO confortable. Elles valident les modifications occlusales qui ont été apportées, et confirment le rétablissement des différentes fonctions. Enfin, elles permettent aussi d'apprécier le bénéfice esthétique de la restauration de la morphologie dentaire", précise le praticien.

Lorsque la situation est jugée stable et satisfaisante, la phase ultime peut être envisagée. Bien entendu, les éventuels soins chirurgicaux ont été effectués au préalable.

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