Qualité plutôt que quantité
Par contre, entretenir des relations sociales avec des personnes gays et lesbiennes induit une plus grande ouverture d’esprit. C’est la qualité de ces liens plutôt que leur quantité qui semble compter. « Des personnes peuvent dirent qu’elles possèdent beaucoup de copains homos et tout de même être homophobes, souligne-t-il. Mais des contacts satisfaisants font diminuer l’ignorance et les attitudes négatives. »
Les résultats de cette première étude devront encore être confrontés à ceux qui seront enregistrés dans les quatre autres pays faisant partie du panel. Au total, 18.000 étudiants auront donné leur avis. Des données similaires sont aussi collectées actuellement en Turquie, en Afrique du Sud et en Albanie, tandis qu’une comparaison entre les conclusions européennes et celles d’enquêtes semblables menées aux États-Unis sera prochainement présentée lors d’un congrès à Toronto. « Il serait intéressant de prolonger cette recherche dans les pays de l’est et le reste du bassin méditerranéen, où l’homophobie est une réalité sociale importante et forte. »
Sincérité ?
Salvatore D’Amore est conscient de certains biais, comme la véracité des propos tenus par les étudiants. « C’est le problème de toutes les recherches en psychologie ! Dans quelle mesure les répondants n’ont-ils pas voulu donner une meilleure image d’eux-mêmes ? Ils étaient en tout cas invités à se montrer les plus sincères possible. » On peut par ailleurs supposer que ces jeunes – tous universitaires – possèdent un certain niveau d’éducation. « Il faudrait comparer avec des étudiants non-universitaires, mais aussi avec d’autres vivant dans des zones géographiques moins denses, éventuellement avec ceux qui sont clairement connotés politiquement, qui appartiennent à des communautés religieuses… Cela demande un approfondissement, mais la tendance est bien là. »
Une tendance à la tolérance, s’éloignant des stigmates sociaux et des préjugés encore trop souvent déversés. Ce qui rassure le psychologue. « Pour moi, ces résultats sont signes d’espoir, de générations futures plus ouvertes. On peut espérer que cela se perpétue puisque ces jeunes constitueront les sociétés du futur. » Et des parents, qui inculqueront à leurs enfants des valeurs d’acceptation. Sans doute comme leurs propres parents, issus de la génération post-68 marquée par le féminisme et les mouvements homosexuels, leur ont probablement transmis une certaine sensibilité face à ces questions. « L’un des développements possibles sera de suivre ces mêmes sujets pour déterminer s’ils gardent des opinions similaires tout au long de leur vie ou, dans le cas contraire, les facteurs qui les ont fait changer d’avis », poursuit-il.
Une éventuelle ouverture de l’Eglise catholique par rapport à ces sujets longtemps cachés sous le tapis pourrait également faire progresser les mentalités.
La Belgique quant à elle semble particulièrement bien placée sur la voie de la tolérance, alors qu’elle était déjà précurseur au niveau de l’égalité des droits des personnes homosexuelles. « Il est important que les États fassent preuve de reconnaissance. Mais cela ne suffit pas. Il faut que les lois soient suivies de véritables plans de respect des diversités. Les récents débats français autour du mariage pour tous ont bien démontré qu’un texte ne suffisait pas. La Belgique doit continuer à travailler sur l’éducation, le respect. Il y a encore du boulot. » Car l’objectif ultime, la banalisation de l’homosexualité, semble encore difficile à atteindre…