Grands écarts
« J’ai commencé à me pencher sur ce sujet en 2012, après mon retour des États-Unis. Des recherches avaient déjà été menées dans l’autre sens, mais la question n’avait jamais été posée de cette manière, alors que ces thématiques sont très présentes dans l’actualité et la psychologie, relate Salvatore D’Amore. Notre objectif est donc de mener une étude cross-nationale, parce que l’on sait que les contextes socio-politiques sont très inégaux selon les pays ainsi que les niveaux de discrimination. »
Parmi les sept nations participant à cette enquête (la Belgique, la France, la Grèce, l’Italie, le Portugal, la Pologne et l’Espagne), les écarts sont parfois grands. Si notre pays reconnaît un maximum de droits aux gays et lesbiennes, comme l’adoption, le mariage ou l’homoparentalité, il n’en va pas de même pour d’autres pays comme la Grèce ou l’Italie, qui adoptent des positions beaucoup plus conservatrices. « Mais les lois sont faites par des politiciens. Nous, nous voulions savoir ce qu’en pensent réellement les jeunes. »
Dans un premier temps, 10.700 étudiants universitaires hétérosexuels (4.621 en Belgique, 2.263 en France et 3.825 en Italie), âgés de 18 à 25 ans, ont donc été interrogés en ligne. Le questionnaire auquel ils ont accepté de se soumettre tâchait de mesurer différents aspects, comme l’appartenance politique, la religiosité, le degré de contact avec des personnes homosexuelles, le traditionalisme lié aux rôles hommes/femmes, etc.
L’analyse des réponses a démontré que ces jeunes se montrent globalement très ouverts face à l’homosexualité et à l’homoparentalité. Plus de 75% d’entre eux, dans les trois pays, soutiennent le mariage pour tous. Concernant la parentalité des couples gays et lesbiens, les résultats varient selon le genre : trois-quarts des filles s’y déclarent favorables, tandis que 55 à 68% des garçons affichent une attitude positive sur ce point. Généralement, le soutien envers les unions homosexuelles va de pair avec celui envers la parentalité.
Des divergences en fonction de la nationalité ont aussi été observées. Par exemple, les jeunes femmes belges défendent davantage le droit au mariage entre personnes du même sexe que les Italiennes (ce qui n’est par contre pas constaté chez les hommes). « Les filles sont généralement plus acceptantes que les garçons, commente le psychologue. Si des différences existent selon les pays, c’est probablement aussi en raison du cadre législatif. La Belgique est un pays à la pointe en la matière, avec le droit au mariage dès 2003, à l’adoption dès 2006… En Italie, le poids de la religion reste plus important et le traditionalisme de rôle est plus marqué ».
Salvatore D’Amore a en effet observé que le conservatisme politique et religieux (« plus on se déclare croyant, moins on est soutenant »), la faible reconnaissance des droits civiques, de même qu’une vision traditionnelle de la société (du type : « les femmes devraient être davantage tournées vers leur famille », « les hommes devraient se montrer dominants et puissants », etc.) étaient synonymes d’un faible degré d’acceptation. « C’est important de comprendre et d’identifier ces souches de résistance, pour mieux intervenir ».