Un nouvel outil pour débusquer la conscience
Comment déceler des signes de conscience chez des patients gravement cérébrolésés et, ainsi, poser un diagnostic correct ? Ou même, comment communiquer avec des personnes enfermées dans le locked-in syndrome (LIS) ? Bien sûr, il existe des systèmes d’imagerie qui puisent leurs informations directement dans le cerveau, mais leurs taux d’erreur demeure non négligeables, ils sont coûteux, peu maniables. Aussi, depuis quelques années, l'intérêt s'est-il porté sur la conception d'outils à la fois sensibles, peu coûteux et faciles d'emploi. Le Coma Science Group de l’Université de Liège a participé à divers projets de cette nature, mettant à l'honneur les interfaces cerveau-ordinateur (BCIs). Un des plus aboutis est celui qui vient de faire l'objet de la thèse de doctorat de Damien Lesenfants. Son principe de base ? Un ou plusieurs stimuli oscillant à des fréquences constantes et différentes sont présentés au patient. Lorsque ce dernier concentre son attention sur un stimulus, une augmentation de l'activité électroencéphalographique à la fréquence du stimulus est détectée au niveau des zones postérieures du cerveau, et en particulier dans les aires occipitales. Potentiels évoqués cognitifsLe recours systématique à une échelle comportementale standardisée et sensible, comme « l'échelle révisée de récupération de coma » (Coma Recovery Scale-Revised - CRS-R), développée aux Etats-Unis par l'équipe de Joseph Giacino et validée en français et en néerlandais par Caroline Schnakers et Steven Laureys, a permis de ramener le taux d'erreurs de diagnostic à 31%. Et quand, pour affiner ce dernier, les neurologues font appel à l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) ou, mieux encore dans ce cas, à la tomographie par émission de positons (PET scan), ces techniques qui permettent de « voir » indirectement le cerveau en action, le taux d'erreurs descend à 20% environ. « L'IRMf et le PET scan puisent directement l'information dans le cerveau, indique Damien Lesenfants. Ils sont donc susceptibles d'y montrer une éventuelle activation en réponse à une commande même si, souffrant de troubles moteurs, le patient est incapable de bouger. » Toutefois, le taux d'erreurs résiduelles demeure non négligeable. En outre, l'IRMF et le Pet scan présentent plusieurs inconvénients, dont notamment leur coût, le fait d'être peu disponibles, leur non-portabilité, leur sensibilité aux mouvements du patient - s'il bouge, les informations recueillies peuvent être rendues inexploitables - et la durée d'acquisition des données, les personnes soumises à l'examen disposant de capacités de concentration très limitées. ![]() (1) Lesenfants, D., "Interface cerveau-ordinateur, locked-in syndrome et troubles de la conscience", septembre 201 |
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