Une meilleure prise en charge des personnes vivant avec le VIH au Tchad
Par ailleurs, d’autres facteurs périphériques mais qui influent sur la réussite du traitement entrent en jeu dans un pays comme le Tchad. « Il faut prendre en compte les ruptures de stocks. Il y a des périodes où il n’y a tout simplement pas de médicaments ». Le Tchad est effectivement un pays enclavé qui partage 5 676 kilomètres de frontières avec 6 pays limitrophes : le Soudan, la République centrafricaine, la Lybie, le Nigéria, le Cameroun et le Niger. Autant dire qu’avec un tel enclavement, le Tchad demeure largement tributaire de la situation chez ses voisins et n’a bien entendu rien à attendre de bon des conflits, crises ou désordres géopolitiques y ayant cours. A noter que le port le plus proche est celui de Douala (Cameroun) à 1700 km de N’Djamena et que les routes ne sont pas toutes bitumées. L’état des infrastructures a un impact certain tant sur l’approvisionnement du Tchad en médicaments que sur la motivation des patients vivant loin de la capitale à se déplacer. Investir dans la biologie moléculaire et le personnel qualifiéC’est exactement ce que propose Chatté Adawaye dans sa thèse(1). Son constat de départ se trouve renforcé par une connaissance empirique aiguë. En effet, Chatté Adawaye fait partie d’un groupe, le HCNC (Haut Conseil National de Coordination pour l’accès au Fonds Mondial pour la lutte contre le paludisme, le Sida et la Tuberculose) chargé de négocier les fonds nécessaires pour lutter contre ces trois fléaux que sont au Tchad le paludisme, le VIH et la tuberculose. Cette position particulière lui permet de constater que la volonté politique existe et que les moyens financiers sont là. « Chaque année, la Banque mondiale augmente les financements. De plus, au Tchad, les personnes vivant avec le VIH ont un accès gratuit aux ARV ainsi qu’aux examens complémentaires depuis 2007. Pour tout couronner, depuis 2003, le pays est devenu une nation pétrolière. » Ces atouts ne sont toutefois pas suffisants si dans le même temps les ressources ne sont pas allouées efficacement. « Il ne sert à rien d’investir dans des moyens techniques si on ne dispose pas du personnel qualifié pour l’utiliser. Tout est affaire de ressources humaines et c’est le sens du message que nous avons lancé vers les instances compétentes à l’issue de cette étude. » Cela signifie concrètement qu’il faut créer un Centre de Référence Sida pour une meilleure prise en charge des personnes vivant avec le VIH et il faut d’urgence investir dans la biologie moléculaire et dans le personnel qualifié. Cela va de pair avec des infrastructures solides et fiables. Nous avons évoqué plus haut le problème des transports. A cela s’ajoutent les fréquentes coupures de courant, ce qui constitue un handicap majeur quand on sait qu’un prélèvement de sang veineux requiert une conservation à une température de -80°C ! Rompre la chaîne du froid a comme conséquence de fausser les résultats. ![]() (1) Nouvelles approches génotypiques pour le monitoring de résistance du VIH aux ARV dans les pays à ressources limitées : cas du Tchad. Thèse de doctorat de Chatté Idékhim ADAWAYE, réalisée sous la direction de Michel MOUTSCHEN, Université de Liège, 2014. Page : précédente 1 2 3 suivante
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