En cette période de vaches maigres et de crise agricole, certains agriculteurs se doivent de redynamiser l’économie locale pour espérer ainsi mettre du beurre dans leurs épinards. L’investissement dans l’agritourisme apparaît comme une solution magique. Charline Dubois, une jeune chercheuse de l’Université de Liège, s’est penchée sur le sujet en analysant les différents types d’agritourismes existant en Wallonie et au Grand-Duché de Luxembourg.
L’accueil chez l’habitant constitue, en soi, la première forme de tourisme. Et cela existe depuis longtemps. Il y a un siècle, les paysans vivant dans les Alpes françaises et autrichiennes ouvraient chaleureusement leurs portes aux visiteurs étrangers, marquant ainsi les débuts du tourisme vert. Aujourd’hui, d’autres pays, tels que l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie ou la Slovénie, misent particulièrement sur le caractère pittoresque de leurs campagnes pour attirer de nombreux voyageurs.
Après l’exode rural et la vague de périurbanisation qui s’en est suivie, on pourrait à présent évoquer un phénomène d’exode urbain. Un retour aux sources, à la recherche d’authenticité, de rencontres locales, de produits du terroir, d’immersion dans la nature. Le monde rural, et plus particulièrement le monde de la ferme, a toujours occupé une place significative au sein du dispositif patrimonial et touristique. De quoi encourager les agriculteurs à diversifier leurs activités en investissant dans une nouvelle forme de tourisme : l’agritourisme.
Le champ est libre !
« L’agritourisme, c’est comme L’Amour est dans le Pré ! », a répondu un quidam dans le questionnaire d’enquête de terrain soumis par Charline Dubois durant sa thèse de doctorat. Au vu de ce constat effarant, quelques précisions s’imposent... A l’heure actuelle, il n’existe toujours pas de consensus quant à la terminologie, aux définitions et aux concepts. De nombreux auteurs ont toutefois tenté de clarifier la situation. Par exemple, en 2006, Marcotte et al. ont établi une gradation ; chaque terme spécifie une spécialisation territoriale de l’activité touristique(1). Alors que le tourisme rural englobe « l’ensemble des activités touristiques pratiquées dans le territoire rural humanisé », l’agritourisme (parfois appelé agrotourisme) s’exerce dans un milieu agricole ou à vocation agricole. Le tourisme à la ferme, quant à lui, se limite exclusivement aux enceintes de la ferme.
Dans sa thèse, Charline Dubois se concentre uniquement sur l’agritourisme et le définit comme « l’ensemble des activités et services de tourisme et de loisirs présents dans une exploitation agricole en activité »(2). Les derniers mots sont d’une importance capitale puisqu’ils restreignent le domaine de l’étude aux agriculteurs travaillant encore dans leur ferme. Ceux qui vivent uniquement de l’agritourisme ont donc été exclus de l’étude, l’objectif de la chercheuse étant de « pouvoir relier une problématique de diversification dans une ferme qui en a besoin ». Les personnes issues de milieux ruraux et pratiquant le tourisme rural ont, elles aussi, été écartées.
Le domaine d’étude inclut le Grand-Duché de Luxembourg et la Wallonie, deux entités proches de par leur agriculture et leur marché touristique. L’agritourisme qui s’y développe demeure très marginal ; la Wallonie recense à peine 3% d’exploitants agritouristiques (soit 380 tenanciers sur 14.500 exploitations agricoles) tandis que le territoire luxembourgeois en compte moins de 1% (15 tenanciers sur 2200 exploitations agricoles). Malgré le faible taux de concernés, cette activité demeure importante pour les agriculteurs car cela constitue une source de revenus complémentaires(3).
(1) Marcotte P., L. Bourdeau & M. Doyon (2006). « Agrotourisme, agritourisme et tourisme à la ferme ? Une analyse comparative », Téoros, Vol. 25 n°3, 80 p.
(2) Dubois C. (2014). « Quels agritourismes pour les campagnes périurbaines ? Les cas de la Wallonie et du Grand-Duché de Luxembourg ». Thèse de doctorat, Université de Liège, 306 p.
(3) Dubois C. & S. Schmitz (2013). « What is the position of agritourism on the Walloon tourist market ? ». European Countryside, 5(4), pp. 295-307.