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Liège dans la tourmente
10/10/2014

Vie culturelle

Carricature geurreLa vie culturelle pendant la guerre n’échappe pas à ce panorama décidément très complet. Comme les entreprises, les institutions culturelles sont placées devant un dilemme : fermer ses portes ou rester ouvert arguant qu’en temps de guerre plus qu’à d’autres moments encore, le divertissement est une nécessité. Mais souvent, c’est la situation qui fait loi, comme le souligne Elise Detreppe, notamment pour les musées dont certains abritent des troupes ou un hôpital. L’Opéra Royal, par exemple, est d’abord occupé (au moins jusqu’à la mi-1915) avant de rouvrir et de devenir la salle attitrée des Allemands, mais il semble que ce soient des artistes allemands qui s’y produisent. Théâtres et cinémas vont également rouvrir progressivement et, d’après les chroniqueurs de l’époque, ils connaissent un succès de foule sans précédent. Et ce malgré la réprobation d’une partie de la population qui estime qu’il ne faut participer qu’aux activités culturelles caritatives.

Barbara Bong et Christophe Pirenne, pour leur part, s’intéressent plus particulièrement à la vie musicale. Que ce soit en exil ou même sous la botte de l’occupant, on joue beaucoup mais, comme le remarquent les auteurs dans leur conclusion, la musique allemande a disparu (sauf bien sûr des concerts organisés par l’occupant) : « La Première Guerre mondiale est aussi l’aboutissement d’une guerre culturelle qui remonte au moins aux années 1870. (…) La principale conséquence de cette détestation mutuelle avait été de transformer la Belgique en une sorte de no man’s land culturel où les tenants d’une musique mêlant des caractères français et allemands pouvaient encore s’exprimer sans crainte d’être vilipendés par une presse hostile. Lorsque le conflit éclate, les institutions et compositeurs belges adoptent une ligne tout aussi radicale et pour ceux qui, comme Sylvain Dupuis, ont été de fervents promoteurs de musique contemporaine allemande, la désillusion dut être cruelle. »

Et les Flamands ? 

La question peut paraître curieuse mais ce n’est pas le moindre attrait de cet ouvrage que de leur avoir consacré un chapitre écrit par des collaborateurs du Museum aan de Ijzer de Dixmude. Ils sont nombreux en Wallonie et à Liège en particulier  (ils y ont souvent leurs associations culturelles) et ils seront surtout nombreux à être enrôlés dans la 3ème Division d’Armée (DA) du général Leman, en charge de la défense de Liège. Ce qu’ils firent d’ailleurs sans état d’âme et avec courage. L’occupant quant à lui n’a guère pris de gants avec ces Flamands établis à Liège, leur interdisant même souvent de retourner en Flandre. Son idée était en fait de créer un état satellite flamand et donc une liaison terrestre avec l’Allemagne. Autrement dit, flamandiser les communes des Fourons, Aubel, voire les communes wallonnes autour de Visé. Une vision soutenue par certains activistes (et le fameux Conseil de Flandre) qui comptaient en outre sur la présence des travailleurs migrants flamands pour rendre l’extension territoriale possible.

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