Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

« Vis mon village » : vers une réinvention des campagnes wallonnes ?
25/09/2014

Vers une réinvention de la campagne ?

ecole village

Les campagnes retrouvent aujourd’hui une série de fonctions qu’elles avaient perdues. Jusqu’au milieu du XXe siècle se produit un exode des campagnes vers les villes, où se situent les activités industrielles et tertiaires. Il ne reste plus dans les campagnes que l’agriculture. Les autoroutes, la mobilité croissante et les moyens accrus des ménages favorisent cependant un retour vers la campagne, accompagné d’une tertiairisation de celle-ci. L’économie se veut plus résidentielle : les services (école, crèche, coiffeur…) se rapprochent de la campagne et les campagnes sont de moins en moins liées au monde agricole. L’attrait pour le milieu rural tient cependant beaucoup au cadre de vie et à ses espaces verts, eux-mêmes entretenus par les agriculteurs, dont le nombre est en diminution constante.

Parmi les projets proposés, nombre ont trait aux espaces publics, aux jardins communautaires, à la restauration de sentiers, à l’histoire locale, à des événements festifs, aux plaines de jeux pour enfants, à des maisons communautaires ou au théâtre folklorique.

Bien conscients que l’agriculture fait la campagne, les citoyens associent pourtant rarement les agriculteurs à leurs projets de vivre ensemble dans un village. Dans le cadre de « Vis mon village », seuls deux projets sur les 300 proposés incluent l’agriculteur. Un projet propose ainsi de « Faire découvrir les quelques fermes caractéristiques des 4 villages de l’entité de Merbes-le-château à travers divers regards (celui de l’historien, celui des enfants…) afin de renforcer le sentiment d’appartenance et d’identité locale par la valorisation du caractère rural de Merbes-le-château ». S’il propose de rendre compte de la vie à la ferme, ce projet se passe cependant de solliciter le point de vue de l’agriculteur.

A contrario, des projets de potagers collectifs se multiplient. « Ce phénomène est pourtant typiquement urbain puisqu’à l’origine les potagers communs ont l’ambition de proposer aux ouvriers qui habitent la ville un espace pour être en contact avec la nature, se rencontrer ou mieux manger. Aujourd’hui, ces potagers collectifs envahissent les campagnes, ce qui est assez paradoxal dans un milieu où les habitants ont normalement des terrains et des liens avec l’agriculture » argumente Serge Schmitz. Ces projets témoignent de l’évolution des campagnes et de l’éloignement du citoyen avec la terre qui faisait à l’origine la campagne.

La plupart des projets proposés dans le cadre de « Vis mon village » sont ainsi assez éloignés de l’archétype de la campagne, que l’on voyait lié à l’agriculture. C’est également le cas des projets qui s’attachent à recréer des espaces publics. Dans la plupart des villages, il n’existait pas d’espace communautaire. Seuls l’église ou le terrain de foot permettaient de réunir la communauté à certains moments mais l’éloignement de la religion et la diversification des pratiques sportives ont rendu caducs ces lieux de rencontre. Aujourd’hui, les gens quittent de plus en plus le village pendant la journée pour travailler à l’extérieur  et l’école du village n’existe pas toujours. Ces éléments réunis ont fait naître une volonté de créer des espaces de rassemblement au sein du village, qui avait tendance à devenir soit un village-dortoir, soit était tout simplement en train de mourir. De nombreuses propositions de projets avaient donc trait à la création d’espaces de rencontre, « pour faire village ».

La commission chargée de l’examen des candidatures a par ailleurs reçu beaucoup de projets de plaines de jeux, à nouveau fort éloignés de l’archétype de la campagne. « A l’origine, les enfants allaient jouer dans les champs. Aujourd’hui, on a besoin de créer un espace de jeux sécurisé alors que l’espace de jeux se situe déjà dans les champs ou dans les bois aux alentours », note Serge Schmitz.

Au travers de ces différents exemples, une question transparaît : n’est-on pas en train de réinventer la campagne belge ? Aujourd’hui devenue périurbaine, la campagne se dote de besoins bien particuliers liés à l’économie résidentielle, à une population qui est absente tout au long de la journée. Des besoins en matière d’équipements – auparavant inexistants – et de dynamiques nouvelles se font de plus en plus criants.

Page : précédente 1 2 3

 


© 2007 ULi�ge