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« Vis mon village » : vers une réinvention des campagnes wallonnes ?
25/09/2014

Toute la question est donc de savoir comment définir si l’on se situe à la campagne ou à la ville. Depuis 5 ans, le Laplec ajoute systématiquement une question à toutes ses enquêtes, quel qu’en soit le sujet : Considérez-vous que vous habitez à la campagne ou en ville ? « Des personnes qui habitent Grimbergen ou Beaufays considèrent ainsi venir de la campagne. Même si ces résultats peuvent être surprenants, ce n’est pas au géographe de dire si oui ou non ils ont raison. La campagne est aussi un ressenti. »

Une question du formulaire a concentré particulièrement l’attention du géographe : « En quoi votre association agit-elle en milieu rural ? ».  Association à une région considérée comme rurale, mise en avant de la présence d’agriculteurs, recours systématique au nombre d’habitants par km² ou encore explication de la mise à distance par rapport aux services et à l’offre de transports publics sont autant d’arguments sollicités par les répondants pour expliquer le caractère rural de leur projet.

On peut ainsi lire : « La commune de Corroy-le-Château est essentiellement rurale, la rue Quitens a encore une ferme en activité et différents champs de cultures » ; « Olne est un village dont le paysage est typique du Pays de Herve et est situé à la porte des Ardennes. Sa densité de population est assez faible : 239 hab/km². Le slogan de notre commune est “Olne, rurale et conviviale”. De plus, nous avons un nombre assez important d’agriculteurs dans notre village » ; « Dans ce village vit plus de bétail (environ 1480) que d’habitants (726 personnes). », etc.

Professionnalisation des acteurs

Pour avoir la chance de voir leur projet pris en considération, les candidats à l’appel remplissent un questionnaire, dans lequel il leur est demandé de compléter quelques informations sur l’association, des informations financières pour le versement du subside, une description du projet, de ses objectifs et son budget, etc. La manière dont sont remplis ces formulaires permet de tirer certaines conclusions quant à la nature des candidats.

Les projets proviennent aussi bien d’asbl que de groupements de fait, dont la création est bien souvent liée à l’opportunité d’obtenir un subside dans le cadre de cet appel à projets. Ces derniers se distinguent par leur difficulté à remplir un formulaire assez administratif, à un point tel qu’il est possible qu’un frein culturel important ait dissuadé certains « citoyens ordinaires » de participer à l’appel. Au contraire, les centres culturels ou maisons de jeunes démontrent une certaine habilité à compléter ce type de documents, mettant en évidence un phénomène de professionnalisation de la chasse aux subsides.

Potager villageCertains projets se distinguent par ailleurs par l’intervention de réseaux externes. En Wallonie, plusieurs structures proposent en effet leurs compétences ainsi que des petites astuces pour rechercher des subsides (par ex. Qualité Village Wallonie). Ces structures sont également à l’origine d’un effet de cascade : un projet récompensé lors d’un des premiers appels avait ensuite tendance à multiplier les propositions similaires lors des appels suivants (ce fut par exemple le cas des potagers collectifs).

Les différents cas analysés mettent également en évidence la fin de l’Etat  ou de la commune comme unique pourvoyeur de l’innovation au niveau du village. Le citoyen se débrouille pour trouver lui-même les subsides s’il veut développer des projets, bénéficier de certains services ou activités.   

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