Les « enrôlés de force » de 1940-1945: malgré eux?
L'historien d'Aix-la-Chapelle Peter M. Quadflieg a prospecté ce champ historique encore trop peu investigué à ce jour (1). Et de ses recherches, il apparaît notamment que 20,7 % des soldats de la région relevant anciennement de l'Etat belge avaient adhéré à une organisation nazie avant le 10 mai 1940, tandis que 79,3 % y seront affiliés au lendemain de l'annexion. Il en ressort aussi que la grande majorité du contingent a été affectée à l'armée de terre (87,5 %) et une minorité à la Luftwaffe (10 %); 1,5 % seulement s'engagera dans la Waffen-SS. Ces chiffres montrent à suffisance qu'il n'y eut pas de disparité significative entre les jeunes militaires originaires du Reich et ceux provenant d'Eupen-Malmedy.
C'est qu'une seule version « belge » du passé proche a d'abord prévalu dans notre pays. Le statut d' « incorporé de force » ne sera établi qu'en 1974, et le dédommagement financier pour les 5 000 soldats et réfractaires survivants ne sera fixé qu'en 1989, bien longtemps après que ne soit réglé juridiquement une problématique semblable pour les « malgré-nous » alsaciens et lorrains en France. Ce chantier d'étude, qui concerne au plus haut point la Communauté germanophone de Belgique, s'offre donc aux chercheurs, en particulier à ceux qui sont soucieux de se démarquer de la « victimisation » qui a trop longtemps imprégné le discours socio-politique des Cantons de l'Est. ![]() (1) Peter M. Quadflieg, « Zwangssoldaten » und « Ons Jongen ». Eupen-Malmedy und Luxemburg als Rekrutierungsgebiet der deutschen Wehrmacht im Zweiten Weltkrieg, Aachen, 2008.
(2) Christoph Brüll, « Les "enrôlés de force" dans la Wehrmacht – un symbole du passé mouvementé des Belges germanophones au XXe siècle », in : Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, 2011(1), n°241. Page : précédente 1 2 3
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