Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Une dose curative d’antibiotiques à chaque instant
13/06/2014

Un projet européen pour tester une méthode innovante

L’hypothèse des chercheurs est la suivante : si on parvient à doser les antibiotiques au chevet des patients aux soins intensifs et à adapter rapidement la dose en fonction de leur état physiologique, cela pourrait permettre d’améliorer le taux et la vitesse de guérison de ces patients. En effet l’idéal serait d’atteindre une dose curative d’antibiotiques tout au long du traitement du patient. Ce n’est pas le cas actuellement car le volume de distribution des antibiotiques peut varier considérablement selon l’état du malade. Or si une surdose d’antibiotiques assure de tuer la bactérie, elle peut aussi être toxique pour l’homme. « Cela peut entraîner des complications neurologiques par exemple » poursuit le chercheur. « Et lorsque la dose n’est pas suffisante, l’antibiotique ne vient pas à bout de la bactérie et cela favorise la résistance des bactéries à ce médicament. Pour bien faire il faudrait que la concentration d’antibiotiques dans le sang du patient soit à chaque instant en ligne avec la concentration curative », reprend Bernard Joris. L’objectif du projet MedATR était donc de mettre au point une méthode de dosage des antibiotiques Bêta-lactames au chevet des patients ventilés et intubés atteints d’une infection pneumo-respiratoire nosocomiale. Les résultats encourageants de ce projet ont mené d’une part à un brevet mondial (et un accord de licence avec la société wallonne WOW Technology) et d’autre part à la mise sur pied d’un projet européen FP7 coordonné par Bernard Joris : MON4STRAT. concentration sériqueCelui-ci, lancé au mois de février pour une durée de 4 ans, consiste en une étude clinique visant à vérifier l’intérêt thérapeutique de la méthode de dosage rapide du taux de Bêta-lactames des patients mise au point dans le cadre de MedATR. « Aujourd’hui, la seule méthode pour mesurer la dose d’antibiotiques dans un échantillon est de passer par un laboratoire clinique qui utilise la technique HPLC couplée à la spectrométrie de masse. On obtient les résultats environ 24h après le prélèvement et ceux-ci ne reflètent parfois plus l’état du patient », explique Bernard Joris.

Première étape : un dispositif adapté aux soins intensifs !

Pour pouvoir doser et ajuster rapidement la dose d’antibiotiques en fonction de l’état physiologique du patient, les chercheurs ont fait appel à la société WOW Technology qui a développé un dispositif particulier. « Il est fonctionnel mais ne peut être utilisé dans un service de soins intensifs à ce stade », indique Bernard Joris. La première étape du projet MON4STRAT consistera donc à créer une machine sur table roulante, facilement utilisable dans le service de soins intensifs des hôpitaux. « Cet appareil devrait être finalisé en 2015 », précise Bernard Joris.

Suivront ensuite la validation de la méthode de dosage, la mise au point d’un logiciel d’aide à la prise de décision et la formation des infirmières à l’utilisation de l’appareil de dosage. Le principe est simple : récolter un échantillon de sang, l’installer dans l’appareil qui donnera les mesures au bout d’une trentaines de minutes ainsi qu’une proposition d’adaptation de la dose d’antibiotiques tenant compte de l’état du patient.

Une fois ces différents aspects réglés, les effets d’une prise en charge quasi-instantanée au chevet du patient dans les hôpitaux partenaires du projet à Bruxelles, Madrid, Paris, Lille et Tartu (Estonie) pourront commencer à être évalués. « Selon nos estimations, l’étude portera sur quelque 150 patients adultes ventilés et intubés atteints d’une pneumonie contractée à l’hôpital », poursuit le scientifique. La moitié des patients seront traités « normalement » et représentera le groupe contrôle au cours de l’étude clinique. L’autre moitié verra ses doses d’antibiotiques ajustées selon le principe de cette nouvelle méthode innovante.

Page : précédente 1 2 3 suivante

 


© 2007 ULi�ge