Découverte d’anneaux autour d’un astéroïde
Origine et stabilitéIl est peu probable qu’un tel système ait une longue stabilité dans le temps. Contrairement aux anneaux de Saturne, ceux de Chariklo ne devraient être là que depuis quelques dizaines voir centaines de milliers d’années. « Ce qui est très peu, à l’échelle du système solaire, relativise Emmanuël Jehin. C’est une aubaine d’avoir pu les découvrir. En même temps, on n’observe les occultations par ces objets que depuis quelques années seulement, et voilà déjà qu’on trouve un tel système ! Soit on a eu beaucoup de chance, soit ce phénomène est plus courant qu’on ne le croit et pourra être observé pour d’autres astéroïdes. Disons qu’avant, nous ne savions pas que cela pouvait exister, nous ne les cherchions pas. Maintenant, nous allons tenter de les débusquer et si c’est relativement courant, nous devrions en observer d’autres » Cette différence d’échelle interroge sur la stabilité dans le temps de ce système. L’étude des anneaux de Saturne leur avait déjà attribué un caractère instable, une tendance à se déformer. Suite à de nombreux calculs, les chercheurs de l’époque avaient imaginé la présence de petits satellites orbitant entre les anneaux, les confinant autour de leur planète. « Ces satellites, on les appelle les satellites bergers. Ce n’était au départ qu’une hypothèse. Mais quand les sondes Voyager se sont rapprochées des planètes géantes, on a bien découvert toute une série de petites lunes de quelques kilomètres de diamètre à peine. De la même manière, on peut imaginer que de tels satellites bergers d’un diamètre de l’ordre du kilomètre pourraient maintenir les deux anneaux autour de Chariklo. » Une perte d’éclat surprenanteChariklo a été observé pour la première fois en 1997. Fait surprenant, sa luminosité a baissé de près de 40% jusqu’en 2008 avant de remonter. « C’était une observation que nous ne parvenions pas à expliquer », développe le chercheur. Mais la présence d’anneaux éclaircit cette zone d’ombre. « À l’époque, les anneaux étaient visibles de face, et, sans que nous ne puissions les discerner distinctement, ils contribuaient fortement à la brillance de Chariklo. Ils ont ensuite changé d’inclinaison par rapport à nous. On les a progressivement vus par la tranche, très fine. Nous n’avions donc plus la luminosité qu’ils fournissaient à l’époque de la découverte de l’astéroïde. » Chariklo, entre comète et astéroïdeChariklo est un objet un peu particulier, il fait partie de la famille des centaures. C’est un objet hybride entre comète et astéroïde, et comme ses semblables il est très éloigné dans le système solaire, entre Saturne et Uranus, et il contient une grande proportion de glace. Or, les astéroïdes, principalement rassemblés entre Mars et Jupiter, n’ont pas ou très peu d’eau. C’est une propriété que se gardent les comètes, qui viennent des confins du système solaire, dans les régions les plus froides où la glace a pu être conservée. Mais les comètes, elles, sont plus petites. Les plus grosses comètes connues ont un noyau de l’ordre de 30 kilomètres de diamètre. |
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