Une nouvelle classe de plastiques
Le rêve de tout chimiste n'est-il pas d'agir en démiurge et de créer au doigt et à l'œil des molécules bien déterminées aux fonctions encore plus définies? C'est un peu dans cette voie que se sont lancés Christophe Detrembleur et son équipe du Centre d'Etude et de Recherche sur les Macromolécules (CERM) de l'Université de Liège. Leur objectif? Créer des polymères aux fonctionnalités réellement innovantes. Un pas vient d'être franchi dans ce sens: ils ont mis au point une méthode permettant de contrôler la réactivité de polyoléfines en croissance et donc de préparer de nouveaux copolymères aux propriétés inédites. En outre, cela fonctionne dans des conditions relativement douces: à 40°C et à 10-50 bar. A l'inverse du processus industriel conventionnel qui n'est pas contrôlé et qui se fait généralement à hautes températures (plusieurs centaines de degrés) et hautes pressions (1000 bar ou plus). Le champ des applications qui en découlent concerne le biomédical, l'énergie et l'environnement. PE, EVA, PVC (1) ... Autant d'initiales mystérieuses qui ont pourtant envahi notre vie quotidienne: des emballages aux films alimentaires, en passant par les canalisations, les colles, les adhésifs..., les applications touchent tous les domaines qu'ils soient alimentaires, médicaux, automobiles, agricoles, énergétiques... Les techniques de polymérisation industrielle permettant de produire ces plastiques ont réellement connu leur essor dans la seconde moitié du XXe siècle, au point qu'aujourd'hui, l'homme est en contact continu avec l'un ou l'autre produit issu d'une polymérisation.
Hormis cette application, ces copolymères fonctionnels se retrouvent dans de très nombreux produits de notre vie quotidienne. Un exemple important est l'EVA (éthylène-acétate de vinyle) que l'on retrouve dans les films plastiques et alimentaires, dans les smartphones, les films pour les serres, beaucoup d'adhésifs et de colles,... Contrôler la croissance"Ces copolymères à base d'éthylène sont produits principalement par la technique de polymérisation radicalaire conventionnelle qui produit des matériaux super intéressants mais il s'agit d'un processus un peu anarchique", poursuit-il. En effet, les copolymères d'éthylène sont actuellement obtenus industriellement dans des conditions qui ne permettent pas un contrôle fin de l’enchaînement des unités monomères et donc des propriétés du matériau final. Il faut savoir qu'un processus de polymérisation se déroule en trois étapes: amorçage, propagation et terminaison. La première phase, l'amorçage, consiste à générer une espèce active, un radical (d’où le nom de la technique), qui va amorcer la croissance des chaînes, donc l'addition des monomères (dans le cas de l'EVA, l'éthylène et l'acétate de vinyle) les uns aux autres, et permettre à la chaîne polymère, à la macromolécule, de croître, c'est l'étape de propagation. La dernière étape, appelée terminaison, fixe les chaînes dans leur configuration finale. "Tout ceci se fait de manière anarchique et aléatoire tout au long de la polymérisation de telle sorte qu’en fin de réaction, vous avez des chaînes qui ont des tailles différentes, qui peuvent aussi avoir des compositions différentes, et donc des propriétés différentes les unes des autres. Ici au laboratoire, on essaie de trouver un moyen de contrôler la croissance de ces chaînes". ![]() (1) PE: polyéthylène, plastique construit par l'enchaînement d'unités éthylène |
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