« Sire, il n’y a pas de Belges ! »
D’autres éléments contribuent encore à la renommée de la Lettre au Roi : non seulement, elle a le mérite de formuler de manière claire et précise les idées qui circulent de manière disparate, mais aussi, s’adressant au Souverain, elle prend une portée particulière. Dans sa correspondance privée, dont on ne prendra connaissance que bien plus tard, le Roi évoquera d’ailleurs cette lettre. D’accord sur le constat posé par Destrée, il rejette cependant les solutions préconisées par ce dernier, qu’il estime dangereuses pour l’avenir de la Belgique. Ecrivant à son secrétaire, Jules Ingenbleek, Albert Ier approuve ainsi : « J'ai lu la lettre de Destrée qui, sans conteste, est un littérateur de grand talent. Tout ce qu'il dit est absolument vrai, mais il est non moins vrai que la séparation administrative serait un mal entraînant plus d'inconvénients et de dangers de tout genre que la situation actuelle »(2). Après 1918, de la séparation administrative au fédéralismeA l’issue de la Première Guerre mondiale, les idées formulées par la lettre de Destrée prennent une autre signification. Certaines expressions ne peuvent plus être prononcées sans qu’on les considère comme sulfureuses. A partir du moment où l’occupant a mené et imposé pendant la guerre une politique de « séparation administrative », l’expression devient taboue. Elle est vite remplacée par les notions d’autonomie interne et de fédéralisme. ![]() (2 )Landro, 30 août, A Jules Ingebleek, secrétaire privé du Roi et de la Reine, lettre reproduite in extenso, in M-R Thielemans et E. Vandewoude, Le Roi Albert au travers de ses lettres inédites, Office international de librairie, Bruxelles, 1982, pp. 435-436. Page : précédente 1 2 3 4
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