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Fonctions exécutives : les piliers de l'intelligence
06/03/2014

Toutefois, dès les années 1930, l'Américain David Wechsler, concepteur des tests de Q.I. les plus utilisés, se référait à l'existence de « facteurs non intellectuels de l'intelligence », telle la motivation ou les émotions. Dans sa théorie des marqueurs somatiques, Antonio Damasio, de l'Institut pour l'étude neurologique de l'émotion et de la créativité à l'Université de Californie du Sud, abonde dans ce sens, montrant que les capacités émotionnelles constituent un élément non négligeable pour l'efficacité des processus de raisonnement et de prise de décision. Bref, si les fonctions exécutives sont primordiales pour la planification d'une activité, la prise de décision, l'inhibition d'informations non pertinentes ou encore la définition de stratégies, elles ne font pas cavalier seul.

Fonctionnement en réseau

Sur la base d'études initiales ayant trait à des patients atteints de lésions au niveau des lobes frontaux, il fut suggéré que les fonctions exécutives siégeaient dans le cortex frontal. Par la suite, il apparut que cette approche était trop restrictive. « D'une part, explique Fabienne Collette, tous les patients frontaux n'ont pas des troubles exécutifs, cependant que d'autres dont les lésions cérébrales se situent ailleurs peuvent en présenter. D'autre part, les progrès des techniques d'imagerie cérébrale ont permis d'explorer les substrats neuroanatomiques des fonctions exécutives chez des sujets sains: il en ressort qu'il faut raisonner en termes de réseau. »

En effet, des travaux menés en 2005 par la chercheuse de l'ULg ont clairement démontré que diverses tâches exécutives destinées à évaluer l'inhibition, la flexibilité mentale et la mise à jour de données étaient le plus significativement associées sur le plan statistique avec l'activation de régions pariétales impliquées notamment dans l'orientation de l'attention et, à un degré un peu moindre, avec l'activation des régions frontales. Aussi le substrat des fonctions exécutives serait-il un réseau fronto-pariétal.

En outre, des données très récentes semblent mettre en évidence que c'est le transfert efficace de l'information entre les régions cérébrales mises à contribution qui est la clé de voûte de bonnes capacités exécutives, ce qui souligne l'importance des connexions de la substance blanche (fibres nerveuses) entre le cortex pariétal et le cortex frontal. « Dans le vieillissement normal, les capacités exécutives s'érodent, indique Fabienne Collette. Il apparaît aujourd'hui que le phénomène est lié non seulement à une perte de substance grise (neurones), notamment dans des régions frontales, mais également à une dégradation au niveau de la substance blanche qui assure la transmission de l'information. »

Étant de haut niveau, chaque processus exécutif est multidéterminé: il fait appel à divers types de données - émotionnelles, mnésiques (accès à des connaissances stockées en mémoire), motivationnelles... Dès lors, toute perte d'efficacité d'un sous-processus (la , par exemple) ou toute altération dans la transmission d'informations entre les sous-régions impliquées aboutit à une perte de performance du processus exécutif.

Inhibition StroopDe nombreux arguments permettent de soutenir l'idée que les différentes fonctions exécutives recrutent chacune, au sein du cortex frontal et du cortex pariétal, des régions relativement spécifiques. Par exemple, on a montré que l'inhibition, la flexibilité et la mise à jour de données ne faisaient pas intervenir les mêmes régions frontales. D'autres études, moins nombreuses, ont également souligné une hétérogénéité des régions pariétales activées selon les processus exécutifs mis en œuvre.

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