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Une histoire des germanophones de Belgique
27/02/2014

Une perspective transnationale

L’histoire de la communauté germanophone est une histoire belge, mais aussi à bien des égards une histoire allemande. Successivement belge, allemande puis à nouveau belge entre 1920 et 1945, cette entité a été profondément influencée par l’histoire des deux pays. C’est pourquoi les différents auteurs accordent beaucoup d’importance à l’histoire en dehors des frontières de la région. L’ouvrage témoigne d’une volonté d’ouvrir la perspective à tout le territoire belge, de ne pas se concentrer sur la seule communauté germanophone. « Notre objectif n’est pas seulement d’écrire une histoire interne, consacrée aux seuls germanophones, mais bien d’écrire une histoire transrégionale, voire transnationale, indispensable au vu du caractère transfrontalier de la région. Ceci se traduit notamment dans le choix des auteurs» rapporte Christoph Brüll.

Dans le chapitre consacré à l’histoire politique, les différents contributeurs ont ainsi tenté de placer l’évolution politique de la région germanophone dans l’évolution de l’Etat belge. Tout le processus qui a mené en 1962-1963 à la fixation de la frontière linguistique et à la création d’une région de langue allemande, et les débats de 1968 autour de la première révision de la constitution ont été placés dans un contexte belge. La place des germanophones n’étant évidemment pas centrale, l’autonomie de 1973 ne peut être comprise que dans ce contexte de décentralisation et de fédéralisation de la Belgique.

L’après-guerre

Saint Vith détruiteEntamer l’écriture de l’histoire de la communauté germanophone par un volume concernant le passé récent résulte d’un choix mûrement réfléchi de la part du conseil scientifique chargé de définir les principes directeurs de l’ouvrage. L’ordre de parution du premier volume de cet ouvrage est d’abord hautement symbolique : 2013 a marqué le 40e anniversaire de l’institution du conseil de la communauté culturelle allemande, l’actuel parlement de la communauté germanophone. Or, le présent ouvrage analyse en détail les différents événements qui ont conduit à cette autonomie culturelle, à la date charnière de 1973.

Par comparaison à la période 1919-1945, sur laquelle les recherches se sont multipliées depuis les années 1990, la période traitée par le volume qui vient de paraitre a été relativement peu étudiée.  C’est aussi la raison pour laquelle ce premier ouvrage est le seul à être presque entièrement composé par des « natifs » de l’Est de la Belgique qui sont familiarisés avec le sujet étudié.

Les ouvrages suivants réclament une recherche internationale plus poussée et la mise au jour de nouveaux questionnements. Une des difficultés tient au territoire étudié, qui d’un volume à l’autre, diffère. Déjà pour ce cinquième volume contemporain, il était nécessaire pour les auteurs de ne pas se limiter aux seules neuf communes qui forment aujourd’hui le territoire de la communauté germanophone. Se cantonner à ce seul territoire aurait été un non-sens pour l’époque romaine,  le Moyen-Âge ou les Temps modernes. Pour ces époques, la région entre Meuse et Rhin est analysée. Un chapitre commun à tous les volumes, baptisé « L’homme et l’espace » s’intéresse à ces questions territoriales et étudie la transformation de la population ainsi que l’évolution du rapport entre l’homme et l’espace dans la période considérée. « La perspective sera évidemment très différente pour des volumes qui vont couvrir des périodes chronologiques plus vastes. Ainsi, le volume sur l’Antiquité et le Moyen-Âge couvre près de 2000 ans d’histoire, ce qui est incomparable avec le présent volume, d’une trentaine d’années ».

L’institution de la communauté culturelle allemande

Suivant une structure qui sera commune à l’ensemble des volumes de cette série sur les germanophones de Belgique, l’ouvrage est scindé en trois grandes thématiques latentes : la politique, l’économie et la vie quotidienne.

Les questions abordées dans ce volume consacré à l’après-guerre sont multiples : l’épuration civique, le traitement réservé par l’Etat belge aux enrôlés de force et les débats autour de l’autonomie culturelle en constituent les principales lignes directrices. L’histoire politique de la région et ses changements corrélatifs dans les mentalités sont analysés. Les auteurs rendent compte de l’expérience vécue par les germanophones à la lumière de deux points de vue : celui des habitants du nord de la région, autour d’Eupen, et celui des germanophones des alentours de Saint-Vith. Bien qu’elles partagent le même caractère rural, ces deux régions restent très différentes du point de vue des mentalités et de la culture économique. La culture germanophone est également examinée (politique culturelle, médias, littérature et politique sociale).

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