Biopesticides : une protection plus naturelle pour les cultures
De là, l’idée d’une série d’institutions de recherche belges et françaises d’unir leur forces au sein d’un projet Interreg pour tester non plus le potentiel d’organismes vivants (comme ces souches bactériennes) mais bien celui de certaines molécules produites par ces derniers. Les molécules n’étant pas vivantes, elles sont, en effet, susceptibles de développer leur activité dans des conditions bien plus larges que les bactéries et indépendamment de la variabilité rencontrée dans les situations agricoles. Efficacité multiplePlus particulièrement, ce sont les lipopeptides qui ont intéressé les chercheurs. Lipopeptides ? Il s’agit de molécules antibiotiques composées d’une séquence cyclique de 7 à 10 acides aminés et d’une chaîne d’acides gras relativement longue (12 à 18 carbones). Du fait de leur propriété amphiphile, ces molécules sont classées dans les produits surfactants : leurs propriétés physicochimiques, tensioactives, les rendent particulièrement appropriées au traitement des plantes. Au sein des lipopeptides, trois familles ont fait l’objet d’une attention toute spécifique: les Iturines et les Fengycines (des molécules dont le potentiel anti moisissures est connu), mais aussi les Surfactines (capables, elles, de renforcer l’immunité de la plante et, dans une moindre mesure, de lutter contre les agents pathogènes bactériens). Du laboratoire aux champsAvec succès ? A triple titre. D’abord parce qu’au terme de trois ans de travail, les deux équipes universitaires, auxquelles se sont joints ensuite trois autres universités (Gand, Reims et Littoral Côte d’Opale) et deux centres techniques (PCG et Inagro, en Flandre), ont pu tester les lipopeptides directement au champ ou sous serre ; et cela, sur deux variétés culturales d’un grand intérêt économique local : le poireau et la laitue. « Nous avons mieux compris les mécanismes biochimiques mis en œuvre dans les propriétés antagonistes et immunostimulantes de ces lipopeptides. Cela nous permet, notamment, de mieux définir la dose optimale de produit par rapport à l’effet escompté » (1). Deuxième succès : de nouvelles molécules naturelles ont pu être isolées, et cela à partir de bactéries du genre Pseudomonas. « Bien que pour celles-ci nous n’avons pas encore pu atteindre le stade des expérimentations au champ, leur potentiel immunisant ou antagoniste s’avère d’ores et déjà très prometteur, s’enthousiasme le chercheur liégeois ». Enfin, last but not least, la collaboration transrégionale a permis de mettre au point un bioréacteur expérimental travaillant en cycle continu - et non, classiquement, d’une façon intermittente- soit un mode de production tout aussi prometteur dans une perspective industrielle. ![]() (1) Les mécanismes d’action de ces lipopeptides sur plusieurs maladies de la vigne, du riz et de l’orge ont également été étudiés, mais seulement en laboratoire. Page : précédente 1 2 3 suivante
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