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Biopesticides : une protection plus naturelle pour les cultures
23/01/2014

De là, l’idée d’une série d’institutions de recherche belges et françaises d’unir leur forces au sein d’un projet Interreg pour tester non plus le potentiel d’organismes vivants (comme ces souches bactériennes) mais  bien celui de certaines molécules produites par ces derniers. Les molécules n’étant pas vivantes, elles sont, en effet, susceptibles de développer leur activité dans des conditions bien plus larges que les bactéries et indépendamment de la variabilité rencontrée dans les situations agricoles.

Efficacité multiple

Plus particulièrement, ce sont les lipopeptides qui ont intéressé les chercheurs. Lipopeptides ? Il s’agit de molécules antibiotiques composées d’une séquence cyclique de 7 à 10 acides aminés et d’une chaîne d’acides gras relativement longue (12 à 18 carbones). Du fait de leur propriété amphiphile, ces molécules sont classées dans les produits surfactants : leurs propriétés physicochimiques, tensioactives, les rendent particulièrement appropriées au traitement des plantes. Au sein des lipopeptides, trois familles ont fait l’objet d’une attention toute spécifique: les Iturines et les Fengycines (des molécules dont le potentiel anti moisissures est connu), mais aussi les Surfactines (capables, elles, de renforcer l’immunité de la plante et, dans une moindre mesure, de lutter contre les agents pathogènes bactériens).

Le premier volet de l’étude a consisté à mieux comprendre le mode d’action des trois lipopeptides en question et, ensuite, à sélectionner de nouvelles molécules, proches de celles-ci par leur structure biochimique (soit des peptides cycliques avec un acide gras) et susceptibles de devenir elles aussi  les principes actifs des  biopesticides. « A Gembloux, nous travaillions depuis plus de dix ans sur les Bacillus et les lipopeptides, explique Marc Ongena. Nous avions déjà accumulé pas mal de connaissances sur leurs activités fongicides et immunostimulantes. C’est dont tout naturellement qu’avec l’Université de Lille, nous avons amené ce socle scientifique assez solide au projet baptisé « Phytobio », financé par le Programme Interreg IV.

Du laboratoire aux champs

Avec succès ? A triple titre. D’abord parce qu’au terme de trois ans de travail, les deux équipes universitaires, auxquelles se sont joints ensuite trois autres universités (Gand, Reims et Littoral Côte d’Opale) et deux centres techniques (PCG et Inagro, en Flandre), ont pu tester les lipopeptides directement au champ ou sous serre ; et cela, sur deux variétés culturales d’un grand intérêt économique local : le poireau et la laitue. « Nous avons mieux compris les mécanismes biochimiques mis en œuvre dans les propriétés antagonistes et immunostimulantes de ces lipopeptides. Cela nous permet, notamment, de mieux définir la dose optimale de produit par rapport à l’effet escompté » (1). Deuxième succès : de nouvelles molécules naturelles ont pu être isolées, et cela à partir de bactéries du genre Pseudomonas. « Bien que pour celles-ci nous n’avons pas encore pu atteindre le stade des expérimentations au champ, leur potentiel immunisant ou antagoniste s’avère d’ores et déjà très prometteur, s’enthousiasme le chercheur liégeois ». Enfin,  last but not least, la collaboration transrégionale a permis de mettre au point un bioréacteur expérimental travaillant en cycle continu - et non, classiquement, d’une façon intermittente-  soit un mode de production tout aussi prometteur dans une perspective industrielle.

tests applications

(1) Les mécanismes d’action de ces lipopeptides sur plusieurs maladies de la vigne, du riz et de l’orge ont également été étudiés, mais seulement en laboratoire.

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