Quelle vie psychique pour les détenus ?
Psychoses carcéralesOutre le bouleversement général du rapport au temps, à l'espace et au corps, il existe, dans l'univers carcéral, de nombreux facteurs susceptibles d'engendrer des difficultés psychologiques ou de les accroître. Ils sont bien identifiés : surpopulation, promiscuité, violence, racket, obligation de « rendre des services », drogue, absence de sexualité, homosexualité forcée, état de délabrement de certains établissements pénitentiaires, peur des caïds, mauvaises relations avec certains membres de l'encadrement, isolement psychologique... Peuvent notamment en découler du stress, de l'anxiété, de l'agitation, de la dépression, un risque suicidaire, mais également des « psychoses carcérales », tel le « gate fever » (la fièvre de la porte), qui se caractérise par une angoisse extrême lorsque se referme la porte de la cellule. À ses yeux, toute manifestation psychotique, aiguë ou chronique, émane essentiellement de facteurs biologiques (entre autres une vulnérabilité génétique), de facteurs environnementaux et de l'histoire personnelle du sujet. Autrement dit, au causalisme linéaire (incarcération-psychopathologie), il préfère substituer un « causalisme circulaire » où sont impliqués de nombreux facteurs, parmi lesquels le fait que l'enfermement revêt une dimension potentiellement traumatogène et défavorable à un développement psychologique harmonieux. L'intérêt du concept de psychose carcérale se réfère alors à cette notion chère à Jérôme Englebert : l'homme en situation. Entendu ainsi, ce concept « suggère la dimension situationnelle (l'enfermement) de la manifestation psychopathologique sans en réduire la complexité intrinsèque ». La question du remordsOn dénombre beaucoup plus de psychopathologies en milieu carcéral qu'à l'extérieur des prisons. Aussi, après s'être demandé si la prison était une cause de pathologies psychiatriques, est-il légitime de s'interroger sur la possibilité que certaines entités psychopathologiques fassent le lit du passage à l'acte délictueux et, partant, de l'incarcération. « On peut imaginer que c'est le cas pour des psychopathologies comme la psychopathie ou le fonctionnement pervers, mais sans doute de façon moins linéaire qu'on ne le croit habituellement », dit Jérôme Englebert. ![]() (3) Idem. Page : précédente 1 2 3 4
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