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Les Initiatives Populaires de Solidarité Internationale
18/12/2013

Les IPSI ?

Par ce terme et son acronyme « IPSI », les auteurs désignent  les activités de solidarité internationale organisées et initiées par des hommes et des femmes en dehors de toute intention étatique et mercantile au sein de groupes plus ou moins formalisés et ne bénéficiant ni d’un agrément ni d’un co-financement des pouvoirs publics pour mener à bien leurs projets. Ces hommes et femmes présentent des profils socio-professionnels divers mais un égal intérêt pour l’action de solidarité conduite ici, dans notre pays (récolte de fonds, sensibilisation, etc.) et là-bas, « en partenariat » avec des bénéficiaires situés au-delà de nos frontières. Il s’agit d’initiatives de « simples citoyens », ce qui exclut de cette catégorie les pratiques solidaires conduites par des institutions ou des organisations (écoles, universités, syndicats, mutuelles, etc.).

Le chiffre avancé par les chercheurs est de 620 IPSI actives en régions wallonne et bruxelloise et il semble relativement fiable. C'est sur cette base qu’ils ont mené leur enquête et c'est à ces 620 organisations qu'ils ont adressé un questionnaire. In fine, ce sont les responsables de 171 IPSI (équitablement réparties sur les cinq provinces wallonnes et la Région de Bruxelles-Capitale) qui y ont participé, un taux de réponse satisfaisant de 28%.

Il est important de noter que 67% des répondants assument la fonction de président de l’association, les autres remplissant un rôle de secrétaire, de trésorier ou de vice-président. Par ailleurs, 74% des répondants sont à l’origine de l’IPSI qu’ils représentent dans le cadre de l’enquête, ce qui n’est pas sans suggérer l’idée d’une forte personnification de l’association dont l’image se confond avec ses créateurs.

Une injonction de professionnalisme face à une revendication humaine

Sur le plan international, alors que l’on s’approche du bilan des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’injonction à plus d’efficacité et de professionnalisme de la part des opérateurs de l’aide n’a jamais été aussi grande. La Belgique n’échappe pas à cette situation et connaît également ses propres transformations : actualisation de la loi sur la coopération internationale belge, réforme du cofinancement des acteurs non gouvernementaux ou encore débats autour des compétences usurpées remettant en cause l’existence même de certains acteurs de l’aide. L’insistance régulière sur l’importance de définir la légitimité des acteurs de la coopération sur une approche « qualité » peut donc se comprendre à partir d’une réflexion sur une aide obnubilée par sa gestion axée sur les résultats et ses indicateurs – souvent quantitatifs – « objectivement vérifiables », par l’obsession de la vérification, du contrôle et de la transparence aboutissant à une accumulation de paperasserie et à des relations d’aide déshumanisées par des projets standardisés. Les IPSI l’ont souligné à plusieurs reprises : la coopération est avant tout une affaire d’humains, conduite à petite échelle, des actions non pas faites de « résultats » mais de « réussites » et d’« échecs », des joies et des déceptions que vient adoucir un principe de convivialité.

Le droit du citoyen à la solidarité internationale

« Ce qui nous préoccupe ici », affirment les chercheurs,  « c’est cette insistance permanente sur l’efficacité de cette aide et l’injonction à plus de professionnalisme (des opérateurs, de leurs méthodes, de leurs outils, etc.) ». Il semble dès lors émerger, dans ce contexte, un débat sur la manière d’exprimer ce droit à la solidarité internationale. Ce « simple » citoyen doit-il, au nom de la course à l’efficacité, déléguer la mise en œuvre de ce droit à une organisation ayant pignon sur rue et étant reconnue par les pouvoirs publics comme organisation fiable et sérieuse ? Ou bien ce citoyen peut-il mettre en œuvre lui-même ce droit à la faveur de projets dont il Cooperationaurait le contrôle direct de la (co)définition à la (co-)exécution sur le terrain en partenariat avec les populations locales ? En clair, la mise en œuvre de cette solidarité internationale doit-elle être réservée à un groupe de plus en plus réduit d’opérateurs ? Selon nous, la limitation de l’expression concrète du droit à la solidarité internationale à quelques acteurs légitimés par les pouvoirs publics participerait d’un combat perdu d’avance et ce, en dépit de l’incantation bien connue à renforcer l’impact et l’efficacité de l’aide en limitant son saupoudrage, en promouvant l’action d’acteurs (hyper)qualifiés  dans le champ de la coopération.

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