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Les Initiatives Populaires de Solidarité Internationale
18/12/2013

COVER IPSIL’ouvrage Les Initiatives Populaires de Solidarité Internationale (1) porte sur un objet à la fois très populaire mais mal ou peu connu : les Initiatives populaires de solidarité internationale (IPSI), soit des projets de coopération internationale mis sur pied par des collectifs non reconnus, non agréés par les gouvernements. Ces initiatives se distinguent des organisations non gouvernementales (ONG), partenaires « habituels » de l’Etat fédéral, comme actrices de l’aide bilatérale indirecte. 620 IPSI ont été identifiées en Belgique francophone. C’est bien plus que le nombre d’ONG agréées pour ce même espace. Et pourtant, ces IPSI reçoivent peu d’attention des médias (nationaux) et encore moins du monde scientifique, comme si cet objet manquait de la noblesse la plus élémentaire. Le questionnement qui s’inscrit en fil rouge de cet ouvrage est le suivant : dans le contexte actuel de la coopération au développement, marqué par une incitation permanente à l’efficacité et à la professionnalisation, que peuvent apporter les Initiatives populaires de solidarité internationale créées et gérées par de « simples citoyens », dont l’absence de reconnaissance institutionnelle a tôt fait de les cataloguer « d’amateurs » ? En d’autres termes: quel est l’apport de ces IPSI dans le champ de la coopération actuelle ? Cet ouvrage a donc pour objectif principal d’attirer l’attention du lecteur sur ces prétendus « petits » opérateurs de l’aide internationale, sur ces « simples citoyens » qui initient des activités de solidarité au bénéfice d’un « Autre lointain ».

Exprimer sa solidarité : du devoir postcolonial au droit post-moderne ?

L’engagement solidaire de « simples » citoyens pour un Autre lointain n’est pas un phénomène neuf.
Mais l’acuité de l’intérêt porté aux IPSI s’explique surtout par l’évolution des sociétés contemporaines où, d’une part, ce citoyen est coincé entre une multitude de flux de natures diverses le poussant à s’ouvrir au monde et à ses souffrances, à ses conflits, à ses menaces. D’autre part, un ensemble de facteurs semble indiquer l’avènement d’un individu hyper-individualiste, narcissique et replié dans sa sphère privée, vivant une vie remplie d’expériences où les sensations remplacent l’engagement et les sentiments à long terme. Un demi-siècle après la fin de l’ère coloniale et la mise en place des formes modernes de coopération, on peut s’interroger légitimement sur le renouvellement de l’engagement du citoyen pour cet Autre lointain.  

Julie Godin, aspirante FRS-FNRS au service de socio-anthropologie du développement de l’Université de Liège,  s’en explique : « Nous avons constaté que ce n’est pas vraiment la communication globalisée qui joue ici un grand rôle dans l’engagement des ipsieurs mais plutôt la « bonne vieille recette » de la mise en contact direct (en « face à face ») entre un potentiel bénéficiaire et un éventuel fournisseur d’aide, à l’occasion d’un séjour dans un pays du Sud notamment. Les motivations semblent avoir changé et le fardeau du péché colonial n’est peut-être plus tellement ressenti parmi les ipsieurs, notamment chez les plus jeunes d’entre eux assez faiblement sensibilisés aujourd’hui aux affres de la période coloniale. La solidarité internationale n’est peut-être plus avant tout un devoir mené au nom de principes moraux et de la réparation d’une faute mais bien un droit assuré à tout un chacun et revendiqué par ce « simple » citoyen en quête d’épanouissement personnel et de sensations nouvelles ».

Une première cartographie des IPSI en Belgique francophone

Les auteurs proposent un ouvrage dont la première partie fournit le cadre général d’analyse en proposant des pistes de réflexion sur les enjeux que soulève l’existence de ces initiatives dans le domaine de la coopération internationale actuelle et présente un état de la situation des IPSI en Belgique francophone  en réalisant une première cartographie de ces initiatives. La seconde partie approfondit les pistes de réflexion énoncées en donnant la parole aux acteurs de la coopération. Les quatre chapitres constituent les actes d’une journée d’étude organisée à l’Université de Liège le 20 avril 2012 où plus de 80 participants, issus principalement du monde de la coopération internationale belge, ont pu échanger leurs idées sur les IPSI à partir des résultats de l’enquête conduite par Julie Godin et d’expériences observées principalement en France et aux Pays-Bas. Tant dans  la table ronde que dans les trois ateliers, il s’agissait d’amener les acteurs à se questionner sur les enjeux de la reconnaissance institutionnelle et de l’injonction à la professionnalisation pour ces initiatives ainsi que sur les rapports entre les IPSI et les ONG agréées pour arriver à cerner l’importance de ces prétendus « petits opérateurs » de l’aide dans la coopération internationale contemporaine.   

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