Faut-il avoir peur de l'immersion bilingue précoce ?
Nombre de parents et certains enseignants redoutent que l'immersion bilingue précoce ait des effets néfastes sur les apprentissages scolaires. Cette opinion est battue en brèche par toutes les études récentes, dont celles menées à l'Université de Liège par Martine Poncelet et Anne-Catherine Nicolay, du département de Psychologie : Cognition & Comportement. Mieux encore : avoir été plongé très tôt dans une seconde langue améliorerait les capacités cognitives, du moins durant les premières années de la scolarité.
L'autre position extrême, à l'opposé de la première, est de qualifier de bilingue tout qui connaît quelques mots d'une seconde langue. Aujourd'hui, la définition qui recueille le plus de suffrages auprès des spécialistes est plus pondérée : le bilinguisme nécessite une fluence dans les deux langues sans pour autant que le sujet recoure indifféremment à l'une ou l'autre quel que soit le contexte. En réalité, il existe de nombreux niveaux et types de bilinguisme. Une distinction importante concerne l'âge d'introduction de la 2ème langue. Ainsi, le « bilinguisme précoce ou simultané » se réfère aux enfants qui ont appris les 2 langues en même temps ou, du moins, avant l'âge de 3 ans. C'est le cas lorsque leurs parents sont d'origine différente et leur parlent chacun dans sa langue maternelle. C'est aussi le cas dans la situation typique des familles qui vont vivre à l'étranger et où l'enfant baigne rapidement dans la langue du pays d'accueil. Le « bilinguisme séquentiel », lui, concerne des enfants qui apprennent la seconde langue après l'âge de 3 ans. On parlera en outre de « bilinguisme séquentiel tardif » si l'apprentissage de la seconde langue n'a commencé qu'après l'âge de 10 ans. Retournement de situationJusqu'au début des années 1960, la conception dominante était que le bilinguisme est dangereux pour le fonctionnement mental. Les toutes premières recherches sur les liens entre bilinguisme et cognition soutenaient d'ailleurs cette conception négative. Les chercheurs montraient entre autres que le quotient intellectuel des bilingues était significativement inférieur à celui des monolingues. Mais voilà, ces recherches péchaient par leur méthodologie. « En les examinant de plus près, on s'est aperçu qu'elles comparaient des individus provenant de milieux socioculturels différents, que les bilingues, généralement issus de l'immigration, étaient défavorisés par leur origine, indique Martine Poncelet. En outre, les tests de quotient intellectuel (QI), par exemple, étaient proposés dans la langue majoritaire, que les immigrés maîtrisaient peut-être moins bien que leur langue maternelle. Enfin, ils avaient une forte connotation culturelle. » |
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