Une première thèse conjointe à la Faculté de Philosophie et Lettres et la Faculté des Sciences vient d’être défendue. Catherine Defeyt, chercheuse au Centre Européen d'Archéométrie de l’Université de Liège, y étudie les pigments bleus de phtalocyanine (CuPc) dans le champ du patrimoine artistique via des techniques scientifiques non destructives. Les objectifs sont multiples. Il s'agit non seulement de délivrer des informations susceptibles d'améliorer la conservation ou la restauration des œuvres en fonction de la forme cristalline de CuPc contenue, mais également de fournir des marqueurs chronologiques permettant une datation plus précise.

Quelle est l'histoire de ce tableau? Que représente t-il? Pourquoi le peintre a-t-il utilisé une palette de couleurs si vive? Quel était son état d'esprit lors de la réalisation de ce chef-d'œuvre? Ce sont autant de questions qui se bousculent dans l'esprit du spectateur observant une œuvre picturale, autant de questions qui titillent sa curiosité et stimulent son imagination. Mais au-delà de ces interrogations ayant trait à l'esthétique de l'œuvre, à son existence historique ou encore à sa légitimité artistique, il en subsistent d'autres relevant d'une dimension encore plus mystérieuse, imperceptible à l'œil nu, mais qui sont tout aussi informatives sur l'identité de l'œuvre. Celles-ci portent sur ses "entrailles", sur son  "code génétique":  Quels sont les pigments qui composent cette toile? Comment ont-ils résisté aux ravages du temps? Par quel phénomène absorbent-ils la lumière pour la refléter plus intensément? Catherine Defeyt, chercheuse au Centre Européen d'Archéométrie (CEA) de l’Université de Liège, fait partie de ces scientifiques qui tentent de dévoiler une des facettes les plus impénétrables des toiles en dépassant leur apparence formelle pour en sonder les tréfonds et percer ainsi les intimes secrets de leur matière.

Cette jeune chercheuse passionnée par la conservation et la restauration d'œuvres d'art a consacré  sa thèse de doctorat à l'étude du bleu de phtalocyanine de cuivre, un pigment apparu au 20^e siècle et encore très répandu aujourd'hui dans les couleurs pour artistes. Ses propriétés coloristiques performantes lui ont valu d'être présent sur la palette de nombreux peintres reconnus tels que Kandinsky, Yves Klein, Roy Lichtenstein etc. Catherine Defeyt a choisi d'explorer les caractéristiques des phtalocyanines de cuivre dans le cadre d'un cours dispensé au sein du Master en Histoire de l'Art et Archéométrie de l'ULg. Elle a d'abord étudié le vert de phtalocyanine de Cuivre puis a axé ses recherches doctorales sur le bleu de phtalocyanine de Cuivre (CuPc), sous la direction de David Strivay et Muriel Verbeeck.

"Si j'ai un tableau contenant du bleu de phtalocyanine dans une couche picturale et que j'utilise des solvants aromatiques comme on en use couramment en conservation/restauration, quels sont les risques de modifier l'aspect de l'œuvre? " Cette interrogation a été formulée en vue de fournir de nouveaux indices utiles pour la conservation et la restauration de tableaux contenant ce pigment sensible à l'action de certains solvants. Elle constitue le point de départ de la réflexion de la chercheuse, la pierre angulaire de sa thèse.