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Une épaule sur laquelle s'appuyer
29/10/2013

Les raisons de la douleur

Si prévenir la lésion fait donc figure d'impératif, encore faut-il reconnaître ce qui la provoque. A ce stade, on distingue généralement des causes dites extrinsèques : elles proviennent, par exemple, des habitudes de jeu, de la charge d'entraînement ou des heures de match ainsi que de causes intrinsèques liées - entre autres - à l'anatomie du joueur, à la biomécanique, aux antécédents lésionnels, etc.  Toutefois, un certain nombre de ces facteurs de risque restent spéculatifs, ne bénéficiant pas, ou pas encore, de l’évidence scientifique.

Parmi les causes intrinsèques, susceptibles d'être à l'origine des blessures, Bénédicte Forthomme s'est penchée sur trois caractéristiques principales de l'épaule entraînée.  Due à la gestuelle spécialisée, la première d'entre elles entraîne une dysfonction du placement de la scapula sur le thorax.  Cette malposition (on parle de dyskinésie) au repos et lors de la mobilisation du bras est observable lors de l’examen clinique, sujet de dos.  Elle peut devenir embarrassante lorsque le sportif arme et frappe car, dans ce cas, la scapula n'accompagne pas correctement l'humérus, ce qui majore les contraintes.

La deuxième grande caractéristique susceptible d'entraîner des lésions provient d'un déséquilibre de force musculaire au sein des muscles de l’épaule.  Parmi ces muscles, ceux de la coiffe des rotateurs (ils enserrent la scapula et la tête humérale) sont les plus sollicités lors des mouvements destinés à armer et à frapper.  Les muscles antérieurs sont renforcés par la répétition du geste sportif et par l’entraînement spécifique (« pour frapper fort »).  Mais ce n'est pas le cas de leurs antagonistes, les muscles postérieurs.  "Sans correction lors de l'entraînement, un déséquilibre risque donc de s'installer, contribuant à une malposition de la tête humérale dans la scapula et provoquant, à terme, une dysfonction dans la gestuelle", prévient la kinésithérapeute.

Enfin, la troisième principale porte d'entrée à des lésions serait liée aux modifications de la mobilité de la tête humérale par rapport à la scapula. "Lorsque le sportif cherche à porter loin la main derrière avant de frapper, il encourage une hypermobilité en rotation externe de l’épaule.  Puis il ramène rapidement la main vers l’avant et, dès après la frappe, doit freiner en fin de mouvement.  Cette fonction freinatrice de certains muscles pourrait entraîner l’apparition de raideurs, puis une perte de mobilité en rotation interne d’épaule, à l’origine de lésions", précise-t-elle.

schéma scapula

D'abord, mesurer

"Dans l'étude que nous avons menée, détaille Bénédicte Forthomme, l'objectif premier consistait à observer ces 3 particularités et à les mesurer.  En effet, en comprenant ce qui mène à la lésion, il devient possible de définir une stratégie préventive et/ou des soins adaptés. Il s'agit donc, en priorité, de tenter de prévenir les problèmes ou, si cela n'a pas été possible, d'y répondre en déterminant ce que l'on peut améliorer.  Or la littérature actuelle, assez pauvre en ce domaine, identifie des adaptations spécifiques sans nous permettre de savoir avec exactitude si certaines de ces caractéristiques provoquent vraiment la lésion."

Pour le déterminer, il a fallu mener une étude prospective, seule susceptible de démontrer ce qui cause, vraiment, les blessures chez les joueurs.  Avec son équipe, et en collaboration avec le « haut niveau français », c'est ce à quoi s'est attelée Bénédicte Forthomme, en commençant par établir le profil individuel des joueurs en début de saison.

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