L’année 2014 marquera le centenaire de la Première Guerre Mondiale. L’occasion de revenir sur les premiers instants de ce conflit en Belgique. Le récit passionnant de Christophe Bechet, Docteur en Histoire de l’Université de Liège, nous immerge au cœur de l’histoire de notre pays par une reconstitution minutieuse des journées qui ont précédé la violation de la neutralité du territoire belge. Revenant sur les décisions prises par les grands stratèges de cette époque, le jeune historien met en évidence les hésitations et controverses auxquelles furent confrontés ces derniers à quelques heures seulement du début des hostilités.
Quels sont les éléments qui ont influencé les choix posés par les principaux stratèges belges au moment de l’entrée en guerre en août 1914 ? Que ce soit de façon consciente ou inconsciente, les choix posés par les officiers et le haut commandement belge au moment de l’entrée en guerre en 1914 sont le fruit des environnements culturel et stratégique fréquentés. Leur formation à l’école de guerre, la lecture de revues militaires ou la connaissance de l’histoire militaire des décennies précédentes ont influé sur les décisions prises.
Mettant l’accent sur les environnements du combattant, l’article (1) de Christophe Bechet s’inscrit dans le cadre d’un cycle de conférences sur l’expérience combattante du XIXe au XXIe siècle. Organisées par le Professeur François Cochet de l’Université de Lorraine (Metz), ces journées d’étude ont pour objectif d’établir une typologie de l’expérience combattante des soldats, jusqu’alors peu considérée. Alors que l’histoire a toujours privilégié l’étude des conditions stratégiques, diplomatiques ou économiques des guerres, le cycle « Expérience combattante » modernise l’approche actuelle de la guerre en explorant les différentes dimensions de l’expérience du combattant confronté au champ de bataille. En novembre 2013, la quatrième édition de ce programme, dont le compte-rendu est disponible sur le site des éditions Riveneuve, s'intéressera aux environnements du combattant. La quatrième édition s’intéressera aux traumatismes physiques et psychologiques du combattant.
Pour explorer l’environnement intellectuel des stratèges belges, l’historien liégeois propose une approche moderne de sources militaires connues, comme les souvenirs d’officiers supérieurs, et moins connues, notamment des rapports sur la défense de la fortification de Liège et des études stratégiques issues du Fonds Moscou conservé au Musée Royal de l’Armée à Bruxelles.
Trois grandes interrogations traversent son article : Quand l’armée belge doit-elle mobiliser ? Quelle attitude doit-elle adopter après la mobilisation ? Faut-il qu’elle réalise la jonction avec une armée de secours en cas d’invasion ? Ces questions sont celles qui se posent au Roi Albert I et à son entourage durant les trois premières semaines du conflit. Si la phase de mobilisation est relativement bien préparée, ce n’est en revanche pas le cas des opérations qui doivent lui succéder.
Lorsque la guerre éclate, la Belgique ne dispose pas de plan de guerre bien défini, à la différence de l’Allemagne et de la France, dont les plans sont prêts de longue date. La direction supérieure du corps d’état-major a bien établi des documents théoriques mais ceux-ci, par manque d’organisation ou de volonté, n’ont jamais été traduits de façon concrète et pragmatique. Par exemple, aucun plan de transport des soldats belges après la phase de mobilisation n’a été mis au point. Le ministère des chemins de fer n’a pas été prévenu du nombre d’hommes à transporter, de la quantité de trains à réserver ou encore des itinéraires à prévoir. Une part d’anarchie et d’inconnue règne donc en Belgique à quelques heures du début de la Grande Guerre.