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Energie électrique : quel futur ?
30/08/2013

Les centrales TGV menacées

Centrale TGVSi le renouvelable semble ne pas tenir ses promesses en Belgique, au moins nous reste-t-il le nucléaire et les centrales TGV (turbines gaz-vapeur) ? Mais le nucléaire est entré dans un processus de fermeture. « Les exploitants des centrales nucléaires sont même de moins en moins intéressés à les maintenir en activité, souligne Damien Ernst, notamment à cause de l’instabilité politique au niveau de la prise de décision : il devient même assez  difficile pour  eux de garantir que les gros entretiens de leurs centrales seront effectivement encore rentables».

S’il ne reste qu’une filière, ce sera donc celle du gaz ? Même pas, selon Damien Ernst : « Les grosses centrales turbines gaz-vapeur qui ont des rendements de 56% souffrent du fait que le prix du gaz est actuellement trop élevé par rapport au charbon. Celui-ci est en effet devenu très bon marché aux USA à cause du développement du gaz de schiste. Ils ont un excédent de charbon qu’ils exportent vers l’Europe. Les centrales au charbon sont donc devenues plus rentables que celles au gaz. Bien sûr, comme les rejets de CO2 sont plus importants, il y a une taxe à payer. Mais comme la tonne de CO2 vaut 5 euros, le marché s’est effondré, il n’y a plus ce désavantage. Donc, aujourd’hui, les centrales au charbon tournent à plein en Europe  ! Est-on ainsi plus efficaces, plus écologistes que les USA avec leur gaz de schiste ? »

Prix bas du charbon, demande plus faible à cause de la crise, prix de l’électricité tirés vers le bas par les énergies renouvelables notamment à cause des subsides : un cocktail qui a provoqué l’effondrement de la rentabilité des centrales TGV chez nous. « Lorsque le solaire et l’éolien produisent bien – mais c’est évidemment intermittent-, nous n’avons pas besoin de l’énergie produite par les centrales au gaz. Le prix de l’électricité à ces moments-là est souvent trop bas pour qu’il soit intéressant de les faire tourner. Cela veut dire que le nombre d’heures pendant lesquelles les centrales TGV peuvent vendre leur électricité à un prix supérieur au coût du gaz qu’elles brûlent est inférieur à 2.000 par an. Soit de 3 à 5 fois moins que ce pourquoi elles ont été conçues. Elles ne sont donc plus  rentables et les exploitants veulent les fermer alors qu’elles sont un élément essentiel dans la sécurité de notre approvisionnement. Faut-il les remplacer par de nouvelles centrales au charbon ? Ce n’est guère écologique et les permis ne seront jamais accordés. »

Importer à tout va !

Donc, il ne nous reste rien… sauf à importer une bonne part de notre électricité ! Aujourd’hui, cette part s’élève déjà en moyenne à 30% de nos besoins. « Et on va importer de plus en plus, prédit Damien Ernst. Déjà cet hiver, nous avons eu des pics de demande vers 17 h : il gèle, il n’y a plus de soleil, il n’y a pas de vent… Les énergies renouvelables sont donc hors jeu.  Nous sommes déjà vulnérables à l’heure actuelle alors que les centrales TGV produisent encore. Si nous ne voulons pas trop dépendre des importations, il est impératif de maintenir ce type de centrales et de les rendre rentables. Le Secrétaire d’Etat à l’Energie, Melchior Wathelet, veut subventionner la création de nouvelles centrales au gaz plus performantes. Je pense que c’est une mauvaise idée. Les Hollandais en ont construit une nouvelle récemment, mais ils l’ont arrêtée après quelques mois car elle n’était pas assez rentable malgré ses performances. Si on se lance dans cette voie, il faudra donc subsidier non seulement la construction, mais aussi, après, le fonctionnement. Mieux vaudrait donc ne pas construire de nouvelles centrales et subsidier les actuelles…. ce qui est politiquement plus difficile  : comment avouer que l’on donne un chèque à Electrabel pour faire tourner ses centrales ? On préfère dire qu’on va subventionner la construction de nouvelles centrales plus écologiques ! On se dirige sans doute vers la disparition progressive  de la production d’électricité en Belgique ; ce qui restera sera marginal. C’est une sorte de mort silencieuse d’une industrie."

Si nous dépendons  de plus en plus de l’importation pour notre approvisionnement électrique, nous dépendrons donc également de plus en plus des réseaux et de leur capacité à satisfaire la demande en tout temps et tout lieu. En cas de problème, le risque de black out est sérieux.

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