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Les dauphins, sentinelles de la pollution au Brésil
05/09/2013

Dans la baie de Guanabara, au sud-est du Brésil, la population de dauphins de Guyane est fortement contaminée par les PCBs. Les concentrations de ce polluant, relevées sur les échantillons de tissus de ces cétacés, sont parmi les plus élevées au monde. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs brésiliens et liégeois qui s’inquiètent pour la santé des 12 millions d’habitants de la baie de Guanabara.

dauphin de guyaneSes plages, son soleil, sa musique, son carnaval, ses forêts tropicales...Les atouts du Brésil font tourner la tête des amateurs de voyage. Destination à la nature encore largement préservée dans l’esprit des Européens, ce pays émergent connaît cependant un important développement industriel. Et qui dit industrialisation dit malheureusement aussi pollution. La région du sud-est du Brésil est particulièrement touchée. C’est là que se trouve notamment la ville de Rio de Janeiro, sur les rives de l’immense baie de Guanabara. S’enfonçant dans les terres brésiliennes jusqu’à 30 kilomètres de la côte et ayant une largeur tout aussi impressionnante, la baie compte 150 km de plages et est fermée par un goulet d’à peine un kilomètre de large. À l’intérieur, pas moins de 130 îles participent à en faire un véritable décor de rêve.

Mais, au delà des apparences, la baie de Guanabara est loin d’être idyllique pour tout le monde, notamment au vu de sa forte pollution. La petite population de dauphins de Guyane (Sotalia guianensis) qui y réside en fait les frais. C’est ce que démontrent Krishna Das (Laboratoire d’Océanologie de l’Université de Liège), Gauthier Eppe (CART – Centre de recherche Analytique et Technologique de l’Université de Liège) et Paulo Dorneles (Université Fédérale de Rio de Janeiro et Professeur invité à l’ULg dès janvier 2014) dans un article prochainement publié - et déjà disponible en ligne - dans la revue Science of The Total Environment (1).

Les mammifères marins, victimes de la biomagnification

« L’ensemble des polluants d’origine terrestre résultant de l’industrialisation de la région se retrouve dans le milieu marin », explique Krishna Das, Chercheur Qualifié F.R.S.-FNRS au laboratoire d’Océanologie – Centre MARE de l’Université de Liège. « Les cétacés occupent la position la plus élevée au niveau de la chaîne alimentaire et accumulent donc ces polluants », poursuit la scientifique. En effet, plus on monte dans la chaîne alimentaire, plus les substances toxiques sont consommées et emmagasinées. C’est ce qu’on appelle la biomagnification. À titre d’exemple, si un organisme composant le plancton ingère une unité de substance toxique, un petit poisson qui mange 10 de ces organismes absorbe donc 10 unités de substance toxique. Et lorsqu’un plus gros poisson se nourrit lui-même de dix de ces petits poissons, il accumule 100 unités de substances toxiques et ainsi de suite. Situés au sommet des réseaux trophiques marins, les cétacés sont particulièrement concernés par cette problématique.

(1)  Dorneles PR, Sanz P, Eppe G, Azevedo AF, Bertozzi CP, Martínez MA, Secchi ER, Barbosa LA, Cremer M, Alonso MB, Torres JP, Lailson-Brito J, Malm O, Eljarrat E, Barceló D, Das K. High accumulation of PCDD, PCDF, and PCB congeners in marine mammals from Brazil: A serious PCB problem. Science of The Total Environment. Volumes 463–464, 1 October 2013, Pages 309–318

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