La mise en place de ces procédés amène des améliorations mais les expérimentations restent sans suite. Au début des années 1860, la Vieille-Montagne, estimant que ces procédés ne sont pas assez rentables, renonce en effet à leur utilisation. Alors que les nuisances sont plus que jamais présentes, les efforts prennent fin comme si l'investissement dans la recherche de procédés plus propres suffisait à blanchir l'entreprise.
Au début du XXe siècle, les filtres de récupération se généraliseront. Ceux-ci fonctionnent sur le même principe que les appareils de condensation, bien que la logique en soit différente. Les filtres sont conçus de façon à laisser s’échapper les fumées tout en récupérant les sous- produits (plomb, cadmium, arsénique). Ceux-ci ont désormais une valeur marchande. La société de la Vieille-Montagne a un intérêt économique à les récupérer pour ensuite les commercialiser. Les usines à zinc deviennent dès lors le lieu de production de quantité d’autres métaux non-ferreux. L’industrie du zinc se transforme en une industrie des métaux non-ferreux. A chaque amélioration du rendement, et donc diminution des pertes en métal, les nuisances qui sont associées au zinc diminuent également, le zinc se caractérisant ainsi par une dialectique nuisance/rendement bien spécifique.
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L’abandon de Saint-Léonard
A la fin du XIXe siècle, l’industrie du zinc quitte progressivement son berceau liégeois pour se déplacer vers le canal Albert. Le Limbourg belge, la région de Campine et la province d’Anvers accueillent de nouvelles usines. Deux raisons expliquent cet éloignement de la Province de Liège. D’une part, le minerai commence à manquer. La mine de La Calamine s’épuise en 1885 déjà. Il est donc avantageux pour les usines de se rapprocher du port d’Anvers, d’où est acheminé le minerai. D’autre part, pour une industrie qui est loin d'avoir résolu ces problèmes de pollution, la plaine de Campine présente l’avantage d’être à la fois peu fertile, peu peuplée et proche du Canal Albert. De nombreuses industries polluantes s’y installent donc dès la fin du XIXe siècle.
Au début des années 1880, le site de Saint-Léonard est abandonné définitivement par la société de la Vieille-Montagne. Son sort est scellé depuis longtemps déjà. La décision de fermer l’usine est prise par la direction du site une dizaine d’années plus tôt et résulte de la convergence de plusieurs facteurs. Le conflit qui oppose l’usine aux riverains et aux autorités empêche l’industrie de se développer comme la direction le voudrait. Trop d’enjeux privés règnent dans le quartier. Les nombreux arrêtés qui conditionnent le maintien de l’usine en entravent le bon fonctionnement. Dans ce contexte, dès la fin des années 1860, les investissements de la Vieille-Montagne se raréfient, faisant de Saint-Léonard le parent pauvre du groupe. L’usine reçoit le moins bon minerai et le moins bon charbon, ses fours ne sont plus réparés et la main d’œuvre n’est pas remplacée. En pleine période de dépression économique, la fonderie de Saint-Léonard devient alors inutile.
La disparition de Saint-Léonard ne marque cependant pas l’extinction de l’industrie du zinc en Province de Liège. En 1930, une petite dizaine usines sont toujours actives dans nos régions. Après la seconde guerre mondiale, seuls Flône et Angleur subsistent. Aujourd’hui, Angleur est l’unique rescapée de la glorieuse industrie liégeoise du zinc. Appartenant aujourd'hui au groupe Umicore, l’usine produit de la poudre de zinc.