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L’affaire de Saint-Léonard
23/08/2013

Au XIXe siècle, vis-à-vis des entreprises, la législation se veut industrialiste, c'est-à-dire qu'elle bénéficie aux établissements industriels. Tout est fait pour favoriser l’industrie et les riverains mécontents n'obtiennent que très rarement gain de cause. Mais, dans le contexte du conflit opposant les riverains aux industriels les autorités s'opposent, dans les années 1850, à l’extension de l’usine. La traditionnelle complaisance des autorités est remise en question et l'usine est forcée d’atténuer ses nuisances. A partir de ce moment, plusieurs arrêtés conditionnent la survie de l’usine à l'application de normes techniques : la fonderie de Saint-Léonard est contrainte d’utiliser des procédés moins polluants pour continuer à produire du zinc.

Notons qu’au fil des années la société de la Vieille-Montagne développe d’autres usines en Province de Liège, à Angleur, Moresnet, Flône et Valentin-Cocq mais Saint-Léonard reste la plus contestée par sa situation géographique et sa densité de population. Ainsi, à Angleur les plaintes proviennent essentiellement des éleveurs de vaches qui s’inquiètent des maladies de leur bétail, problème qui ne se pose pas à Saint-Léonard.

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Contestations et tentatives de légitimation

Les débats entourant les nuisances industrielles de Saint-Léonard en rappellent d’autres plus actuels. Les stratégies de légitimation de la Vieille-Montagne diffèrent d’ailleurs peu de celles utilisées par nos industries contemporaines.

Dès l'origine du conflit, la société de la Vieille-Montagne commence par maintenir un discours de dénégation, défendant la non-toxicité de ses fumées. A grand renfort de scientifiques, de médecins et de vétérinaires, elle finance, dès 1840, des études visant à démontrer le caractère inoffensif de ses fumées, que ce soit pour les hommes, les animaux ou les végétaux. Proches des intérêts de la société, les conclusions des experts sont cependant peu crédibles.

Dans un second temps, la contestation croissante pousse la Vieille-Montagne à entreprendre une politique d’indemnisation des riverains. Par le versement d’une rente annuelle à ses voisins, l’usine de Saint-Léonard achète le droit de polluer ainsi que d’agrandir son territoire. Au niveau juridique, une armée d’avocats est chargée de prouver la légalité de l’usine par rapport aux législations sur les établissements industriels.

Contrainte et forcée par les autorités, la Vieille-Montagne décide, dans la seconde moitié des années 1850, d’investir dans la recherche de procédés moins polluants, ce qui présente l'avantage de redorer son image auprès du public. Dans les usines du groupe, des appareils de condensation sont expérimentés et mis en place. Les fumées générées par les fours sont dirigées vers une grande boîte en tôle dans laquelle sont captés les éléments métalliques tels que le plomb, le cadmium ou l’oxyde de zinc. Ce dernier, bien que non toxique, est capturé afin que les flocons blancs qu’il projette dans l’atmosphère n’étouffe plus les végétaux des alentours. Une fois dépouillées de ces éléments, les fumées sont expulsées.

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