Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

L’affaire de Saint-Léonard
23/08/2013

Au XIXe siècle, l’usine de la Vieille-Montagne, berceaux de l'industrie du zinc, se dresse au cœur du quartier Saint-Léonard. Aujourd’hui en grande partie tombée dans l’oubli, l’histoire de cette société est symbolique à plus d’un titre. Première multinationale d’Europe, la Vieille-Montagne fut également productrice d’un lot important de nuisances industrielles, source de mécontentement et de contestation. Arnaud Péters, chercheur au Centre d'Histoire des Sciences et des Techniques, analyse les stratégies mises en place par la fonderie liégeoise afin de faire accepter ses fumées polluantes. Il revient également sur les facteurs qui conduisirent en 1880 à la fermeture de cet établissement historique, fleuron de l’industrie belge du zinc.

Elément emblématique du passé industriel liégeois, la s.a. des Mines et fonderies de zinc de la Vieille-Montagne et son usine de Saint-Léonard étaient relativement méconnues, jusqu’à ce qu’un jeune chercheur de l’Université de Liège s’y intéresse. Lors de son arrivée à l’Université de Liège en 2007, le projet de thèse d’Arnaud Péters est déjà bien lancé. Il porte sur l’histoire du système belge des brevets au XIXe siècle. À cette époque, Robert Halleux, Directeur du Centre d’Histoire des Sciences et des Techniques (C.H.S.T.), lui propose d'enrichir son doctorat en investiguant les archives de la société Vieille-Montagne. Livrant un exemple frappant de veille technologique avant-gardiste, ces archives permettent d'analyser les nombreuses innovations auxquelles donna naissance le XIXe siècle.

Se plongeant dans ce qui représente quelques 700 mètres d’archives, parmi les plus riches pour l'histoire des techniques, Arnaud Péters décide d’élargir ses recherches initiales aux innovations de l’industrie du zinc mais aussi aux problèmes techniques rencontrés et aux solutions apportées, en portant une attention particulière aux nuisances industrielles, à la pollution générée et à la défense de l’environnement. Peu à peu, ce qui devait constituer une étude de cas complémentaire à sa thèse en devient la partie principale.

fonderie zinc 1855
Pour analyser ces nuisances industrielles ainsi que les techniques développées pour les réduire, le doctorant liégeois bénéficie d’une solide expérience du terrain. Les recherches qu’il entreprend dans le cadre de sa thèse sont en effet intimement liées à son travail au sein du C.H.S.T. Fort d’une équipe interdisciplinaire, le département des sites industriels désaffectés du C.H.S.T. étudie l’histoire d’anciens sites industriels dans le but de dresser une cartographie des zones à risque et de les dépolluer ensuite le plus efficacement possible. Un second axe de recherche concerne la  réalisation, à partir d'une série de sources historiques, d'inventaires de terrains potentiellement pollués destinés à éclairer la gestion des sols.

Dans le cadre de sa participation à un programme de recherche sur les « Débordements industriels dans la Cité » organisé par le Conservatoire national des Arts et Métiers (CNAM)(1), Arnaud Péters s’intéresse particulièrement à la question des nuisances provoquées par l’usine de Saint-Léonard. Pour comprendre les raisons de l’implantation de cette fonderie au cœur de la cité liégeoise, il faut remonter quelques années plus tôt à l’invention révolutionnaire de Jean-Jacques Dony.

(1) « L’affaire de Saint-Léonard » et l’abandon du berceau liégeois de l’industrie du zinc (1809 – 1880)

Page : 1 2 3 4 suivante

 


© 2007 ULi�ge