Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

À en perdre la voix...
02/09/2013

silenceA l'issue de la collecte et de l'analyse des résultats, l'objectif de quantification visé par Angélique Remacle afin de définir des normes, de communiquer des valeurs moyennes a été pleinement accompli. Désormais, si une enseignante se présente en consultation phoniatrique et que le praticien ne parvient pas à déterminer l'origine du trouble, sa charge vocale peut être mesurée puis comparée avec les normes proposées par la chercheuse en guise de points de repères.

Le maternel, un cadre de travail vocalement plus éprouvant 

Le second objectif poursuivi dans la thèse se voit également investi d'une mission comparative dont la finalité ne consiste plus à fournir des mesures générales mais à confronter les résultats des deux groupes investigués: les enseignantes du maternel et du primaire. "Le but était de définir la population la plus à risque parmi les enseignantes, celle qui rencontre la demande vocale la plus accrue afin de réaliser dans quel groupe il est le plus important de faire de la prévention." assure Angélique Remacle.

Une fois de plus, les chiffres recensés parlent d'eux-mêmes. Ils révèlent une plus grande distance parcourue par les cordes vocales ainsi qu'un plus grand nombre de vibrations des cordes chez les enseignantes du maternel. Les explications sont nombreuses et variées. Le bruit ambiant s'avèrerait être une des causes principales. Dans une classe maternelle, les apprentissages transitent par des chants comme des comptines ou se basent sur des jeux didactiques comme du bricolage avec des manipulations d'objets. Les élèves sont également plus mobiles dans la classe car les demandes divergent du maternel au primaire. Plus le bruit environnant sera fort, plus l'institutrice devra élever la voix pour s'exprimer et se faire entendre. Et comme les enfants du maternel dépendent essentiellement du langage oral, les consignes sont données verbalement et non par écrit, ce qui explique que la charge vocale des enseignantes maternelles est plus lourde. Enfin, Angélique Remacle relève un phénomène de mimétismedes enseignantes face aux élèves. Plus un enfant est jeune, plus sa voix tend à être aigüe. Or, comme l'institutrice maternelle est entourée d'enfants en bas âges, elle aurait tendance à calquer la fréquence vocale émise par ses élèves et donc à utiliser une voix plus aigüe que l’institutrice du primaire. La réduction du bruit environnant représente une des solutions les plus efficaces pour ne pas être victime d'un surmenage vocal. Les praticiens proposent également comme alternative d'utiliser un micro en guise d'amplificateur vocal.

La jeune chercheuse attire l’attention sur les lacunes présentes dans le programme de formation des enseignants dont la voix constitue le principal vecteur de communication et de transmission des savoirs. "Aucun cours n'est dédié à l'apprentissage de l'utilisation vocale" déplore-telle. "Généralement, on n'explique pas aux enseignants comment la voix est produite, quelle est la meilleure technique vocale à adopter pour ne pas se blesser, ni les règles d'hygiène vocale à observer." Familiariser les professeurs avec l’ anatomo-physiologie phonatoire permettrait de leur faire prendre conscience du bon geste vocal à adopter et réduirait le développement de pathologies vocales. Mais pour que des changements aient lieu dans la formation des enseignants, il faut avant tout attirer l'attention des responsables des programmes du système éducatif et leur faire prendre conscience de l'enjeu défendu; et telle est la raison d'être de la thèse d'Angélique Remacle. Cette dernière ne s'arrête d'ailleurs pas là puisque désormais, elle aspire à investiguer d’autres  populations d'enseignants telles que les professeurs du niveau secondaire, les professeurs de chant, de gymnastique, de langues etc.  dont la charge vocale devrait, selon elle, différer en fonction de la discipline enseignée.

Page : précédente 1 2 3 4

 


© 2007 ULi�ge