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À en perdre la voix...
02/09/2013

Forte de sa pratique de logopède clinicienne, Angélique Remacle a consacré sa thèse de doctorat à l'étude de la charge vocale chez les enseignantes du maternel et du primaire, une frange de la population particulièrement touchée par des troubles de la voix. Grâce à une quantification de la charge vocale en conditions réelles, l'étude a permis d'établir des normes auxquelles se référer mais aussi, de faire prendre conscience de la nécessité d'adopter rapidement des mesures préventives à l'égard de ces professionnels dont la voix représente l'outil de travail le plus précieux. 

C'est au cours de son activité de logopède au CHU de Liège qu'Angélique Remacle, chercheuse au sein de l'unité de logopédie des troubles de la voix de l'ULg, a constaté que les problèmes vocaux rencontrés par certains patients persistaient malgré les outils logopédiques classiques proposés pour améliorer leur qualité vocale: "Afin d’optimaliser le geste vocal du patient, les techniques thérapeutiques se centrent principalement sur les trois grands aspects de la voix qui sont la respiration, la phonation et la résonance. Dans certains cas, le patient a beau utiliser une technique vocale adéquate sans pour autant que l’on observe l’évolution vocale escomptée. Dans ce cas, le problème réside visiblement ailleurs… Dans la charge vocale de l'individu, c'est-à-dire dans sa quantité d'utilisation vocale."

Chaque personne possède en effet une résistance vocale qui lui est propre et si cette résistance est quotidiennement mise à mal, cela peut provoquer des troubles ou des pathologies de la voix bénignes mais tout de même invalidantes dans l'exercice d'une profession. Angélique Remacle a donc décidé de creuser l'hypothèse de la charge vocale comme facteur favorisant l'apparition de ce type de pathologies chez les professionnels de la voix, ces personnes qui ne peuvent se passer de leur voix dans l'exercice de leurs fonctions comme les chanteurs, les comédiens, les secrétaires, les politiciens, les  journalistes, les agents de call centers etc. Son étude s'est néanmoins cantonnée aux enseignantes du maternel et du primaire en raison de leur surreprésentation dans les consultations de phoniatrie.

Pourquoi des sujets féminins?

teacher kidsL'échantillon constitué de trente deux sujets féminins normophoniques, soit des institutrices ne présentant aucun problème de voix, a été étudié pendant une semaine complète de travail. L'étude a expressément été orientée sur des femmes car l'enseignement maternel et primaire est extrêmement féminisé. D'autre part, les femmes sont potentiellement plus vulnérables que les hommes, notamment à cause de leurs différences constitutionnelles et hormonales. Leurs cordes vocales sont constituées différemment que celles de leurs congénères masculins ce qui les rend vocalement plus fragiles. Leur fréquence vocale plus élevée que celle des hommes implique également un plus grand nombre de vibrations et davantage de collisions des cordes vocales pour une même quantité de phonation.

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