La Wallonie investit dans la durabilité de ses productions porcines. La région dispose d’atouts pour se démarquer par rapport à ses voisins et souhaite les valoriser. Elle travaille actuellement à définir de nouveaux critères minimaux pour la reconnaissance de la qualité différenciée. La DGARNE finance également un projet de recherche scientifique visant à mesurer les impacts positifs ou négatifs de ces nouveaux critères pour chacune des dimensions du développement durable.
Objectifs : garantir une juste rémunération à l’éleveur par rapport aux investissements consentis et assurer le consommateur qu’à travers son acte d’achat il contribue au développement durable.
L’industrie porcine en question : entre contraintes et opportunités.
Le constat selon lequel l’industrie porcine intensive atteint ses limites techniques, environnementales et sociales n’est plus remis en question aujourd’hui. Ce débat ouvre la voie à de nouvelles opportunités dans le secteur, en adéquation avec les principes de développement durable. La Wallonie dispose, par rapport aux modèles industriels de ses voisins, d’atouts indéniables pour promouvoir la durabilité de ses élevages porcins : une bonne liaison au sol, des exploitations à taille « humaine » et à caractère familial, des possibilités d’approvisionnement local en céréales, l’existence de réflexions sur l’indépendance protéique, etc. Il existe une véritable volonté politique régionale de renforcer le secteur en soutenant la valorisation de ces plus-values et ainsi, répondre aux attentes des éleveurs, des citoyens et des consommateurs. Investir dans la durabilité de nos modes de production constitue un levier de premier ordre pour redynamiser le secteur porcin en Wallonie.
La Wallonie investit dans les modes de production différenciée.
La DGARNE planche actuellement sur la révision de l’arrêté ministériel qui définit les critères minimaux permettant la reconnaissance de la qualité différenciée dans le secteur de la production porcine (cahier des charges minimal). Ces critères minimaux sont axés sur les 3 piliers de la durabilité, à savoir, (1) maîtriser les impacts de l’activité sur l’environnement, (2) garantir la viabilité économique des exploitations à travers un prix de vente équitable pour le producteur et répondre aux attentes sociétales adressées par les éleveurs et les consommateurs en matières de conditions de travail, de sécurité sanitaire, de bien-être animal, de qualité organoleptique, etc.
Comment s’assurer du bénéfice réel en faveur du développement durable de ces nouveaux cahiers des charges ?
La DGARNE finance l’unité de zootechnie de Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège) pour mesurer les impacts réels, positifs ou négatifs de ces critères de production pour chacune des dimensions du développement durable. L’équipe du professeur André Théwis développe un outil informatique dédié à la modélisation du fonctionnement agro-environnemental des systèmes de production porcine et leurs impacts socio-économiques. |
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Selon Christelle Boudry, co-promotrice du projet, « la conception de cet outil répond à un besoin des autorités wallonnes de mesurer la justesse des nouvelles mesures qu’elles tentent de mettre en place auprès des producteurs.Il s’agit avant tout d’assurer au consommateur qu’il ne soutient pas seulement des producteurs locaux, mais qu’il contribue également par ses choix au développement durable ». Les simulations répondront en effet aux choix posés en matière d’orientation de différenciation. Le modèle intègre le cadre minimum fixé dans le nouvel arrêté et l’ensemble des critères facultatifs complémentaires proposés aux opérateurs pour se démarquer. « Nous pourrons ainsi évaluer virtuellement les performances environnementales et socio-économiques de différentes stratégies de gestion durable de nos exploitations porcines, sans devoir tout expérimenter en station » explique Jérôme Bindelle, chargé de cours à la Faculté et responsable de l’équipe.
Le modèle s’articule autour de modules qui intègrent les différentes composantes des systèmes de production porcine, de la production d’aliment aux performances de croissance des animaux, en passant par les caractéristiques de stockage et d’épandage du lisier. L’outil réalisera des simulations en fonction de différents paramètres : choix des matières premières pour l’aliment et leur origine géographique, contraintes liées aux bâtiments d’élevage en ce qui concerne la collecte et le stockage des déjections animales, les conditions de température, les performances zootechniques des animaux (vitesse de croissance, nombre de jeunes par portée, …), les pratiques culturales sur la ferme, les dispositifs favorisant le bien-être animal, etc. L’application permettra à l’utilisateur de définir facilement les paramètres de simulation qu’il veut tester. Enfin, la « durabilité » de l’exploitation virtuelle sera estimée sur base d’indicateurs environnementaux et socio-économiques calculés à partir des résultats générés par les simulations. Celles-ci reposent sur différents modèles mathématiques, issus de résultats de recherches scientifiques récents.
(1) Direction Générale de l’Agriculture, des Ressource Naturelles et de l’Environnement, DGO3 – Service Public de Wallonie (2) Cet arrêté date du 2 février 2004. |