Financée par l’ULB, l’ULg, le FNRS et le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la mission conjointe de l’ULg et de l’ULB porte son attention sur les tombes jumelles dont Roland Tefnin avait obtenu la concession. Appartenant à des cousins, hauts-fonctionnaires, ces tombes sont situées au cœur d’une nécropole privée occupée par l’élite du Nouvel Empire. Leur intérêt réside en partie dans les réoccupations successives dont elles ont fait l’objet. Dans cette nécropole, les sépultures de l’élite égyptienne étaient en effet couramment réutilisées au cours des siècles par des défunts de statut social moins élevé. A la fin du VIe siècle, des ermites coptes se retirent à l’écart du monde dans la montagne thébaine désertique, prenant possession des tombes et les transformant en lieux de vie. Après son abandon par les Coptes, la colline est ensuite désertée pendant près d’un millénaire. Au cours du XIXe siècle, tandis que se développe le marché des antiquités, des habitants de la région, attirés par le gain, y établissent leurs habitations. Les tombes sont alors largement pillées. Jusqu’à leur expropriation en 2009, de nombreuses maisons habitées subsistaient dans la zone archéologique.
En 2009, les Belges découvrent une troisième tombe, voisine immédiate des deux premières, celle d’un substitut du chancelier, Amenhotep. Décelé une première fois au cours du XIXe siècle par l’égyptologue suédois Karl Piehl, l’emplacement de cette tombe avait été perdu, comme cela est arrivé plusieurs fois au cours de l’histoire. Lors de la fouille de cette tombe, d’exceptionnels fragments de peintures murales datant du règne de Thoutmosis III (vers 1479-1427 avant J.-C.) sont mis au jour.
En dégageant les murs du monument, l’équipe de fouille découvre également un amas de briques étonnamment important appartenant à une autre époque. Bien vite, ce sont des milliers de briques qui sont retrouvées dans la cour de la tombe d’Amenhotep.
En dégageant les vestiges de ce qui apparaît être un éboulement, les chercheurs découvrent une structure organisée dont la base et l’architecture particulière les mènent progressivement à cette conclusion : ils ont affaire à une pyramide. La découverte du pyramidion en pierre qui coiffait le sommet de la pyramide finit de les convaincre. Tout comme de nombreuses briques estampillées, celui-ci renvoie à une personnalité de l’Egypte de Ramsès II : le vizir Khay (dont le nom se prononce « Raï »).
Si la présence de cette pyramide surprend, c’est parce qu’elle s’inscrit dans une nécropole abritant des tombes bien plus anciennes. « On ne cherchait pas cette pyramide, explique Dimitri Laboury. Pour la bonne raison qu’on ne s’attendait pas à trouver une pyramide de l’époque ramesside au milieu d’un cimetière antérieur de deux siècles. Il s’agit de la seule tombe de l’époque ramesside retrouvée dans ce secteur ».