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NDE : l'ultime frontière ?
18/04/2013

Souvenirs éclair ?

En 1977, Roger Brown et James Kulik, de l'Université de Harvard, ont introduit la notion de « souvenir éclair » - flashbulb memories, en anglais. À quoi se réfère-t-elle ? À des souvenirs ayant trait aux circonstances dans lesquelles on a pris connaissance d'un événement public important : la chute du mur de Berlin, l'explosion de la navette Challenger, les attentats du 11 septembre, etc.

Brown et Kulik ont centré leurs recherches sur l'assassinat du président Kennedy, montrant que beaucoup se souvenaient des personnes avec qui ils étaient, de l'endroit où ils se trouvaient, de ce qu'ils faisaient au moment où ils l'ont appris. Selon les deux psychologues de l'Université de Harvard, les événements émotionnels donnant lieu à des souvenirs éclair enclenchent un mécanisme « spécial » d'enregistrement en mémoire. Il assurerait un encodage plus détaillé et plus exact du contexte dans lequel on a appris un événement public important et garantirait son maintien prolongé en mémoire.

« Si l'on considère la nature particulièrement surprenante des représentations qui s'imposent au sujet lors d'une NDE et l'importance qu'elles doivent revêtir pour lui sur les plans émotionnel et personnel, il semble légitime d'établir un pont entre les souvenirs de NDE et les souvenirs éclair », souligne Marie Thonnard. In fine, l'hypothèse serait que les souvenirs de NDE pourraient être des souvenirs éclair(2) d'une hallucination.

Dans la foulée des travaux de Brown et Kulik, de nombreuses études ont été consacrées aux flashbulb memories. Il apparaît que si ces souvenirs particuliers sont souvent enregistrés de manière plus détaillée et plus durable que les autres, ils sont cependant susceptibles de renfermer des erreurs et des distorsions, de faire l'objet d'ajouts au fil du temps ou d'être progressivement amputés de certains éléments. Pour s'en rendre compte, il suffisait de mesurer leur consistance de façon périodique : après quelques jours ou quelques semaines, quelques mois, quelques années. C'est ce que firent les travaux de recherche. Aujourd'hui, les chercheurs de l'ULg se proposent de suivre une piste analogue dans le cadre de l'analyse des souvenirs de NDE(3).

Jusqu'à présent, les explications physiologiques et psychologiques des NDE apparaissaient souvent comme mutuellement exclusives. Les travaux menés conjointement par le Coma Science Group et l'Unité de Psychologie Cognitive de l'ULg plaident, au contraire, en faveur de l'intégration de ces deux dimensions.

(2) Hormis le fait que la définition stricte des souvenirs éclair se réfère à un événement public.
(3) Le Coma science Group et l'Unité de Psychologie Cognitive de l'ULg cherchent à recueillir le témoignage de personnes ayant vécu une NDE, même ancienne. Contact : Vanessa Charland-Verville (vanessa.charland-verville@ulg.ac.be).

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