Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

NDE : l'ultime frontière ?
18/04/2013

ame quittant corpsLes chercheurs demandèrent aux participants de se remémorer des souvenirs de NDE ou de coma, s'ils avaient vécu de tels épisodes, ainsi que des souvenirs réels et des souvenirs imaginés, anciens et récents, dont le poids émotionnel était élevé. Un souvenir imaginé est celui qui consiste à se rappeler un événement que son imagination a bâti de toutes pièces. Par exemple, la représentation mentale que l'on s'était forgée de vacances futures ou d'une fête d'anniversaire à venir.

Le but poursuivi n'était pas d'analyser le contenu des souvenirs relatés par les participants, mais d'en évaluer les caractéristiques phénoménologiques au moyen d'un questionnaire. En l'occurrence, la version modifiée en 2008, par Arnaud D'Argembeau et Martial Van der Linden, du  Memory Characteristics Questionnaire (MCQ) conçu par M.K. Johnson en 1988. Les réponses aux différentes questions étaient cotées de 1 à 7. Ainsi, à la question de savoir si tel souvenir renfermait des détails visuels, la cote 1 était attribuée s'il n'en comportait aucun, la cote 7 s'il en foisonnait et une cote pouvant aller de 2 à 6 pour chiffrer les situations intermédiaires. Pour les autres questions (« Vous rappelez-vous ce que vous faisiez au moment de l'événement ? », «Vous souvenez-vous de l'endroit où l'événement a eu lieu ? »...), idem.

Comme dans une hallucination

Que révélèrent les résultats ? Tout d'abord, que les scores globaux recueillis respectivement pour les souvenirs d'événements réels et pour les souvenirs imaginés étaient du même ordre dans toutes les sous-populations de l'échantillon et qu'ils correspondaient à ceux que l'on retrouve dans la littérature scientifique. « Cela nous a permis de savoir que les participants à notre étude ne constituaient pas un échantillon particulier et que, parmi eux, les personnes qui avaient connu une NDE ne se distinguaient pas des autres par la phénoménologie de leurs créations imaginaires », explique Hedwige Dehon.

Évidemment, le résultat le plus attendu concernait les souvenirs de NDE. Leur phénoménologie était-elle proche de celle des souvenirs réels ou de celle des souvenirs imaginés ? Que ce soit sur le plan sensoriel, sur le plan émotionnel ou sur ceux de la précision ou des détails autoréférentiels, ils avaient clairement la force de souvenirs réels. Leurs scores étaient même significativement plus élevés. « On pourrait presque parler d'hyperréalité », dit Vanessa Charland-Verville.

Une mesure du MCQ porte sur la fréquence de rappel des souvenirs. Elle met en évidence que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les souvenirs de NDE ne sont pas récapitulés plus souvent que les autres. « Ce qui montre que leurs caractéristiques phénoménologiques (grande précision, richesse sur les plans sensoriel et autoréférentiel, etc.) ne sont pas le fruit d'incessantes remémorations », précise Hedwige Dehon.

Similaires à celles des souvenirs d'événements réels - et d'une plus grande intensité encore -, les caractéristiques des souvenirs de NDE n'établissent pas pour autant la réalité des événements décrits (OBE, dialogue avec des défunts...). Nous l'avons vu, des mécanismes physiologiques semblent pouvoir expliquer les différentes composantes des NDE. Ces mécanismes pourraient « créer » une perception qui serait traitée par le sujet comme venant de l'extérieur, de la réalité. En un sens, le cerveau de l'individu lui mentirait, comme dans une hallucination.

Page : précédente 1 2 3 4 5 6 suivante

 


© 2007 ULi�ge