NDE : l'ultime frontière ?
De nombreuses théories neurologiques ont également été proposées pour expliquer les NDE. « Toutes ne sont pas plausibles, dit Steven Laureys. Ainsi, il en est une qui assimile ces expériences subjectives à des hallucinations consécutives à l'administration de certaines drogues durant la phase de réanimation. Or des NDE peuvent survenir en dehors du cadre médical, par exemple lorsque des personnes échappent à la noyade. » À l'heure actuelle, nous l'avons souligné, les théories neurologiques les plus pertinentes associent les diverses composantes des NDE à un dysfonctionnement de régions cérébrales spécifiques ayant été lésées, notamment à la suite d'un traumatisme crânien ou du manque d'oxygène provoqué par un arrêt cardiaque. L'exploration des souvenirsAvant d'utiliser la neuroimagerie pour asseoir cette présomption et pour mener des investigations systématiques visant à mieux cerner les corrélats neuronaux des différentes composantes des NDE, le Coma Science Group et l'Unité de Psychologie Cognitive de l'ULg ont uni leurs efforts dans le but d'identifier, au moyen d'outils validés en psychologie, les caractéristiques des souvenirs relatés par les personnes ayant été confrontées à une expérience personnelle de mort imminente. Leurs récits font-ils appel à de pures créations imaginaires ou, au contraire, à des souvenirs revêtant les attributs de souvenirs d'événements réels ? « La description des caractéristiques phénoménologiques des souvenirs rapportés par les personnes concernées peut aider à orienter la recherche des corrélats neuronaux impliqués dans les NDE », indique Marie Thonnard. Sur quels éléments, autres que la plausibilité, les psychologues se basent-ils pour opérer le tri entre souvenirs réels et souvenirs imaginés ? «Généralement, les premiers sont plus riches en détails sensoriels (visuels, auditifs, etc.), autoréférentiels (ce qui a trait au sujet lui-même) et émotionnels », explique Hedwige Dehon, docteur en sciences psychologiques et assistance au sein de l'Unité de Psychologie Cognitive de l'ULg. Le plus souvent, les caractéristiques phénoménologiques de ces deux types de souvenirs sont donc différentes. Publiée dans PLoS One le 27 mars 2013, l'étude liégeoise regroupait 39 volontaires selon la clé de répartition suivante : 8 personnes ayant vécu une NDE, 6 ayant des souvenirs d'un coma sans NDE, 7 ayant eu un coma mais n'en conservant aucun souvenir, 18 sujets contrôles. Les critères d'inclusion dans l'étude en tant qu'« expérienceur », c'est-à-dire personne ayant été confrontée à une expérience personnelle de mort imminente, se référaient à l'échelle de Greyson, la plus usitée en la matière. Explorant plusieurs dimensions (cognitive, affective, paranormale...), cette échelle se fonde sur 16 questions pouvant donner lieu chacune à un score de 0, 1 ou 2. On parle de NDE lorsque le score total obtenu par un sujet ayant répondu aux 16 questions est de 7 ou plus (sur 32). |
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