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NDE : l'ultime frontière ?
18/04/2013

On observe fréquemment un changement dans la façon dont les personnes qui ont fait une NDE appréhendent la vie, et ce peu importe la culture ou la religion. Elles se déclarent moins matérialistes, davantage tournées vers la spiritualité mystique, plus altruistes, moins effrayées par la mort. Parfois, elles changent de profession.

Toutefois, les NDE furent longtemps taboues, y compris au sein de la communauté scientifique, de sorte que les patients étaient peu enclins à en parler. Les choses ont-elles évolué aujourd'hui ? Sans conteste. Nonobstant, l'intégration de ce type de vécus dans la vie quotidienne reste parfois problématique, notamment en raison de l'opinion et du comportement de l'entourage à l'égard de ces expériences.

Des objets parlants

Les théories explicatives des NDE peuvent être regroupées en trois catégories : spirituelles, psychologiques et neurologiques. Le principal reproche que l'on peut adresser aux premières est évidemment de ne reposer sur aucune démonstration rigoureuse. « Jusqu'à preuve du contraire, personne n'a jamais pu mettre en évidence un phénomène conscient sans activité neuronale, souligne Steven Laureys. D'aucuns ont beau jeu d'émettre des allégations "magiques", en tirant argument du fait que la science n'a pas tout compris de la conscience. Un cas d'abus intellectuel bien connu est celui du cardiologue clinicien néerlandais Pim Van Lommel, auteur de best-sellers, qui utilise les NDE pour affirmer que le cerveau n'est qu'une sorte de "récepteur de radio" et que la conscience, dissociée du corps, est présente dans toutes les cellules humaines. Je l'invite à aller plus loin, à appliquer la méthode scientifique afin d'effectuer des mesures et de démontrer le bien-fondé de ses assertions. »

Pour étayer la thèse d'une âme extérieure au corps, certains se fondent principalement sur le fait que nombre de personnes ayant connu une expérience de décorporation (OBE) affirment avoir vu la scène de leur réanimation d'une position surélevée. Comme nous le mentionnions, tout plaide en faveur d'une origine physiologique du phénomène - une lésion de la région temporo-pariétale droite. En 2002, des chirurgiens de l'hôpital universitaire de Genève ont provoqué une OBE chez une patiente épileptique en lui stimulant involontairement cette zone du cerveau. Cinq ans plus tard, une équipe anversoise obtint expérimentalement le même résultat en stimulant la même région au moyen d'électrodes implantées.

Par ailleurs, en Scandinavie, l'idée est venue à certains chercheurs de dissimuler des images à proximité du plafond de blocs opératoires. Si elles avaient été détectées par des patients, cela aurait suggéré que la conscience est probablement dissociable du corps. Mais personne n'a jamais fait état de leur présence... « Une expérience internationale de même nature, regroupant 25 établissements hospitaliers, a été lancée en 2008. Pour l'heure, avec le même résultat négatif », insiste Steven Laureys.

Souffrance cérébrale

decorporation

Il existe plusieurs interprétations psychologiques des NDE. Selon l'une d'elles, par exemple, ces expériences consisteraient en une forme de dépersonnalisation, en un sentiment de perte du sens de la réalité qui servirait de moyen de défense devant une menace de mort. En quelque sorte, notre inconscient bâtirait de toutes pièces une « fable » pour nier l'imminence de notre disparition. « Cette hypothèse ne peut expliquer toutes les NDE, puisque certaines d'entre elles se produisent en l'absence d'un quelconque danger de mort », commente Marie Thonnard, doctorante en sciences psychologiques et premier auteur de l'article de PLoS One.

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