Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

L’abbaye de Stavelot à travers les siècles
11/03/2013

De destructions en reconstructions

Cette période de croissance est interrompue par deux événements. Fin du IXe siècle, Stavelot perd son statut de relais du pouvoir au profit des évêchés et l’abbaye subit les invasions normandes, qui poussent les moines à fuir Stavelot, emportant trésors et reliques. Mise à sac et incendiée, l’abbaye garde de sérieuses séquelles de ces invasions, ce qui pousse l’abbé Odilon à démolir l’ancienne église, après avoir reconstruit une neuve, plus grande. Malgré sa taille importante, cette seconde abbatiale ne suffit bientôt plus à accueillir les pèlerins, de plus en plus nombreux à se presser autour des reliques de saint Remacle. En 1033, l’abbé Poppon initie un chantier d’envergure : la destruction de l’ancienne église et la construction d’une abbatiale bien plus imposante. Une fois les travaux achevés, la politique artistique en vigueur visera à rehausser l’éclat de l’abbaye. Subissant des dégâts divers, l’église ne cessera d’être reconstruite durant les siècles suivants. Au XVIe siècle, le prince-abbé Guillaume de Manderscheidt entreprend l’érection d’une nouvelle tour ainsi que d’un château. Ses successeurs étendront les travaux à tout l’édifice, donnant naissance à la quatrième abbatiale.

Wibald et la principauté de Stavelot-Malmedy

Personnage majeur de l’Europe de son temps, Wibald est élu abbé en 1130. Profitant de la conjoncture favorable du XIIe siècle, il achève la transformation de l’institution abbatiale en une véritable principauté. Elle prend sous le règne de Wibald son plein essor et sa réelle complétude institutionnelle, lorsque les droits comtaux lui sont remis. Médiateur auprès des plus puissants de son époque, l’abbé profite également du climat de prospérité pour commander un certain nombre d’œuvres d’art, devenues de véritables chefs d’œuvres de l’art mosan, aujourd’hui conservées dans les plus grands musées du monde. En 1994, lors de fouilles qui permirent la mise à jour de nombreux vestiges des anciennes abbatiales, la tombe de cet acteur clé du Moyen-Âge est découverte.

De l’abandon à la reconversion en pôle muséal et culturel

La Révolution française met un terme aux pouvoirs de l’abbaye. Abandonnés par les religieux, les bâtiments sont pillés et détériorés. Ils connaîtront plusieurs propriétaires avant d’être rachetés en 1995 par la Région wallonne, qui y investit 12 millions d’euros et en entreprend la restauration et la reconversion en lieu culturel. Entre 1999 et 2002, l’ensemble des bâtiments sont classés et entièrement rénovés. Y sont désormais accueillis un musée sur l’Histoire de la Principauté de Stavelot, un musée du Circuit de Francorchamps et un musée de Guillaume Apollinaire. « La nécessité de faire revivre le bâtiment, combinée à la possibilité d’y développer une vie culturelle, a rendu essentiels ces investissements. Il était assez vain d’attendre qu’un entrepreneur privé s’en saisisse. Aujourd’hui, non seulement le bâtiment est conservé, mais les travaux de rénovation et de réfection qui ont été opérés sont signalés de façon tout à fait visible et réversible, ce qui permet aux chercheurs actuels de continuer à se rendre sur le site et de voir les anciennes dispositions des pièces. En tant qu’historien, je suis plus que convaincu que Stavelot est un modèle, se posant parmi les musées les plus réussis » soutient Christophe Masson.

abbayeaérienne

Page : précédente 1 2

 


© 2007 ULi�ge