L’ethnicité, la mal-aimée des sciences sociales
Repli sur soiCette édition augmentée part d’un constat : « […] Le consensus démocratique qui avait été construit sur les cendres de la seconde guerre mondiale s’effrite, écrit le sociologue dans son introduction. Aux quatre coins de l’Europe, et d’ailleurs, des formations politiques n’hésitent pas à réintroduire le racisme dans la politique et à construire et activer des identités ethniques, nationales et religieuses de plus en plus fermées dont le potentiel d’exclusion de l’altérité est énorme. »
L’émergence de polémiques portant sur la présence de l’Islam dans la société occidentale a également éclairé d’un nouveau jour les débats sur l’ethnicité. Bien que ce mot ne soit pas un parfait synonyme de « religion », les deux termes partagent quelques points communs. Le premier pourrait par exemple être considéré comme un objet de croyance, un culte, voire un lien qui unira les individus. « Dans certains cas, la religion et l’ethnicité coïncident presque parfaitement pour autant que l’on se situe à un niveau d’analyse superficiel. » Et l’auteur de rappeler que la communauté de croyants peut dépasser en taille les groupes ethniques tandis que ces derniers, si différents soient-ils, peuvent aussi partager la même religion. Si proches et pourtant si éloignés…De même que le nationalisme évoqué plus haut ne peut être considéré comme le parfait équivalent sémantique de l’ethnicité. Certes, les deux mots ont une existence relativement récente et possèdent des revendications modernes. « On pourrait ajouter que les nations et les groupes ethniques sont en fait des "communautés imaginées", précise le sociologue dans le chapitre consacré à cette question, citant là un concept établi par Benedict Anderson, spécialiste du nationalisme. En effet, sur base de la croyance dans une histoire commune, les individus imaginent un lien particulier qu’ils auraient avec d’autres individus de la même nation ou du même groupe ethnique avec la majorité desquels ils n’auront pourtant jamais aucune relation directe durant leur vie. Ici réside en fait la puissance de l’ethnicité et du nationalisme. Ces deux principes d’identification parviennent à donner un sentiment de proximité, d’appartenance à un même groupe à des individus qui peuvent en réalité être très éloignés tant socialement que géographiquement. » Mais si l’objectif du nationalisme est de faire se superposer les limites d’un État avec celles d’une nation, l’ethnicité ne caresse pas ce dessein politique, d’où leur principale différence. |
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||