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Les petits dessous du Viagra féminin…
20/02/2013

Autre défi : la surface d’absorption que constitue la muqueuse nasale est très réduite, si on la compare avec celle des villosités intestinales par exemple. On ne peut donc administrer par cette voie que des molécules puissantes, qui seront actives à très faible dose, de l’ordre du microgramme, ce qui est heureusement le cas des hormones sexuelles. Inutile, par contre, de vouloir administrer 1 gramme de paracétamol via le nez !

« Chaque formule galénique est donc le résultat de compromis entre le confort du patient, l’activité biopharmaceutique, la stabilité de la molécule,… Dans ce cas-ci, le challenge était surtout de solubiliser la molécule dans le bon excipient, de manière à obtenir une solution suffisamment concentrée pour que, avec quelques microlitres pulvérisées dans le nez, on puisse atteindre les concentrations thérapeutiques …et l’effet souhaité » résume Brigitte Evrard.

Quand au spray en lui-même – entendez l’appareil qui délivre le produit – il sort des attributions d’un laboratoire de galénique, pour faire l’objet de recherches dans un autre domaine : l’ingénierie des plastiques. Ce sont des compagnies spécialisées dans le développement de systèmes d’administration de médicaments qui conçoivent des devices en fonction de l’angle souhaité pour le spray, la finesse des gouttelettes, etc. Des services également utiles pour le développement des produits destinés à l’administration par la voie pulmonaire, qui est, on le sent bien, une des plus prometteuses aux yeux de Brigitte Evrard. « Actuellement, cette voie n’est employée que pour des médicaments à visée pulmonaire : contre l’asthme, la BPCO, la mucoviscidose,… Un usage topique finalement. Mais le poumon pourrait aussi être utilisé pour l’administration systémique de médicaments, avec notamment comme avantage que la surface de résorption est bien plus importante qu’au niveau nasal. C’est donc une voie qui est fort attirante pour un galéniste ! » s’enthousiasme-t-elle. Une insuline à inhaler a été brièvement commercialisée il y a quelques années, mais assez vite retirée du marché (pour des raisons commerciales, semble-t-il, et non liées à son mode d’administration). Aujourd’hui, plusieurs études en phases II et III, testent des molécules qui ne peuvent pas être administrées par les voies conventionnelles, comme des peptides, des protéines, du matériel génétique,… Tout un pan futuriste de la galénique s’ouvre donc encore à l’horizon (Lire l'encadré).

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