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Plein gaz sur les bovins
08/02/2013

vachesnourritureC’est dans ce contexte qu’il faut placer les récents travaux du Département des Sciences Agronomiques de Gembloux Agro-Bio Tech – Université de Liège (Unité de Zootechnie : Hélène Soyeurt et Nicolas Gengler) et des Départements « Valorisation des Productions » (Unité Technologies de la transformation des produits : Frédéric Dehareng et Amélie Vanlierde) et « Productions et Filières » (Unité Nutrition minérale et durabilité : Eric Froidmont) du Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W). Globalement, personne n’est en mesure, aujourd’hui, de pouvoir identifier avec exactitude les races bovines qui émettent le plus de méthane, du fait que la variabilité individuelle des animaux s’avère importante en fonction d’une multitude de critères, dont le type de pâturage fréquenté. On sait également qu’un animal A et un animal B d’une race identique, et soumis au même régime alimentaire, peuvent émettre du méthane en quantités différentes. Et pas un peu : jusqu’à 60 % ! Par ailleurs, évaluer le méthane émis par une vache ne pose, en soi, aucun problème. Les experts disposent en effet de deux méthodes ayant déjà fourni leurs preuves, l’une en confinant l’animal dans une chambre respiratoire (tous les flux entrants et sortants - dont le méthane - sont alors quantifiés), l’autre en utilisant un gaz traceur - le hexafluorure de souffre (SF6) - via une petite capsule placée dans son rumen. Cependant, ces techniques sont complexes à mettre en place et onéreuses si on veut les réaliser sur un grand nombre d’animaux.

Le mérite des équipes gembloutoises est d’avoir mis au point un nouvel outil infrarouge - une équation -  utilisable à la fois sur des animaux en lactation vivant dans des conditions normales (alternance prairie/étable), à l’échelle d’une région voire de l’exploitation elle-même (animal par animal) et à partir de bases de données très importantes. Le socle méthodologique de ce nouvel outil est la spectrométrie infrarouge MIR (pour mid-infrared spectrometry). Concrètement : mis en contact avec un rayonnement à infrarouge, le lait révèle dans un spectre l’essentiel des biomolécules qui le composent : matières grasses, protéines, minéraux, urée, etc. « Des études antérieures avaient démontré que plus le lait contient d’acides gras à courte chaîne, plus l’animal émet de méthane, expliquent ces chercheurs gembloutois. Or nous savions déjà, à la suite de nos travaux antérieurs, que le MIR permet de doser les acides gras (Lire Les mystères d’une goutte de lait). Depuis 2007, en Wallonie, ce dosage est même pratiqué en routine dans près d’une exploitation sur trois dans le cadre du contrôle laitier (soit plus de 100.000 animaux), ce qui est loin d’être négligeable quantitativement. Nous nous sommes donc dits - et c’est ce qui est dorénavant vérifié - qu’il était possible d’utiliser la base de données énorme, offerte par cette analyse spectrale pratiquée dans le cadre du contrôle du lait, pour prédire les émissions de méthane d’une grande partie des bovins laitiers de notre région ». L’avancée majeure préconisée depuis peu par les chercheurs consiste à utiliser toute l’information spectrale du lait, et non uniquement celle liée aux acides gras, pour estimer de manière encore plus précise et fiable les émissions de méthane.

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