Une façon de se nourrir peu banale
Cette relation symbiotique a été déjà démontrée pour un certain nombre de macro-invertébrés comme des vers, des échinodermes ou des mollusques bivalves. Chez certains de ces animaux, le système digestif est d’ailleurs inexistant ou a partiellement disparu. Bien que conservant un système digestif fonctionnel, la crevette des abysses Rimicaris exoculata appartiendrait à cette catégorie d’invertébrés symbiotiques, comme le suggère la présence d’une grande quantité de bactéries sur la surface intérieure de la carapace (le tégument) de sa chambre branchiale. Julie Ponsard a voulu démontrer que ces bactéries étaient un véritable « garde-manger » pour la crevette des abysses, dans la mesure où elles seraient la principale source de molécules organiques dont le crustacé a besoin pour vivre et se reproduire. Une pêche miraculeuse par 2.300 mètres de fond !La démonstration de Julie Ponsard démarre en 2007 lorsqu’un sous-marin de l’IFREMER descend explorer plusieurs cheminées hydrothermales de la dorsale médio-atlantique et notamment le site Rainbow où notre crevette des abysses prolifère : 2500 individus en moyenne par mètre carré, il n’y a qu’à se pencher… A 2.300 mètres de profondeur, à l’aide d’un bras articulé prolongé d’un « aspirateur », les chercheurs de l’IFREMER ont prélevé des échantillons d’organismes vivants, dont Rimicaris exoculata. «L’avantage de cet organisme, explique Julie Ponsard, c’est qu’il résiste plutôt bien au changement de pression lors de la remontée vers la surface. Il est donc possible de faire des analyses sur des animaux vivants. » Une fois à bord, les crevettes sont tout de même replacées dans un aquarium qui recrée les conditions de pression que connaît habituellement ce crustacé qui vit avec le poids d’une colonne de 2 kilomètres d’eau au-dessus de la tête (environ 200 bars). ![]() (1) Inorganic carbon fixation by chemosynthetic ectosymbionts and nutritional transfers to the hydrothermal vent host-shrimp Rimicaris exoculata, Ponsard Julie et al., ISME Journal, 2012. |
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