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Comprendre et soigner l’endométriose
18/12/2012

fibroseCar on sait aujourd’hui que l’implantation ectopique d’une population de cellules nécessite des interactions complexes entre lesdites cellules et le tissu-hôte, qui doit pouvoir offrir aux nouvelles venues des possibilités de survie et de croissance (1). En d’autres termes, il faut que les cellules endométriales soient capables d’envahir d’autres tissus, d’y échapper à la surveillance du système immunitaire, d’induire dans leur nouveau lieu d’élection le développement de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse) et lymphatiques (lymphangiogenèse), et enfin de proliférer localement. Les travaux de Michelle Nisolle ont exploré ces différents aspects.

Première étape d’une invasion : jeter l’ancre en terre inconnue. C’est grâce à la mise au point de modèles expérimentaux de transplantation d’endomètre humain chez la souris que Michelle Nisolle a pu analyser les interactions qui se nouaient entre des cellules d’endomètre et un tissu d’accueil, en vue de créer un micro-environnement favorable à leur implantation. Ces interactions font intervenir la fibronectine et la laminine, des glycoprotéines d’adhésion qui exercent leur action par l’intermédiaire de récepteurs de la famille des intégrines, bien connues pour leur rôle-clé dans la cascade métastatique cancéreuse (lire l’article « Les préparatifs du crime »).

Autre similitude : les cellules d’endomètre, pour pouvoir pénétrer profondément dans le tissu-hôte, doivent d’abord se détacher de leurs voisines avec lesquelles elles sont reliées par les protéines d’adhérence cellulaire de la famille des cadhérines-E. (lire l’article « SIBLINGs, les armes multifonctionnelles du cancer »).  On sait que moins les cellules cancéreuses expriment la cadhérine-E, plus elles sont potentiellement invasives. Or il semble que les cellules de la muqueuse utérine des femmes atteintes d’endométriose expriment moins cette protéine protectrice que les cellules d’endomètre de femmes qui ne souffrent pas de cette affection. Ce qui confère probablement aux premières un potentiel invasif plus élevé.

La formation de nouveaux vaisseaux sanguins est une autre étape essentielle pour une implantation ectopique réussie. Une fonction à laquelle sont rompues les cellules de muqueuse utérine normale puisque, chaque mois, elles reconstituent une nouvelle muqueuse, et que celle-ci reçoit via ces vaisseaux sanguins néoformés les nutriments dont elle a besoin pendant sa courte vie de 28 jours. De là à penser que les cellules d’endométriose sont capables de susciter la genèse de nouveaux vaisseaux sanguins ailleurs que dans leur environnement habituel, il n’y avait qu’un pas. Des recherches publiées en 2009 (2) en ont apporté la confirmation, également grâce au modèle de transplantation chez la souris : « nous avons montré que cette néo-vascularisation était due à une connexion entre les vaisseaux de la souris et ceux de l’endomètre greffé. Ces vaisseaux chimériques de cellules humaines et murines sont déjà observables après quelques jours et permettent la survie du greffon ».

(1) Pathogenèse de l’endométriose, Nisolle M, Alvarez ML, Colombo M et Foidart JM, in Gynécologie Obstétrique & Fertilité 35 (2007) 898–903.
(2) doi10.1093/humrep/dep203

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