Ainsi, le niveau le moins exigeant proposé par la RSPO - le « Book and Claim », basé sur un système de certificats - permet à l’entreprise de mentionner sa participation au système d’huile durable certifiée, alors qu’en réalité une partie (parfois très importante) de ses produits contient de l’huile de palme classique ! A l’inverse, le niveau d’exigence le plus élevé - dit « Segregated » - constitue vraiment, lui, une filière totalement indépendante, reposant sur la traçabilité intégrale et un contrôle sophistiqué. « Pour le consommateur, cette lecture à plusieurs niveaux de la filière CSPO est source de confusion voire de discrédit, fait remarquer Sophie Delacharlerie. Il y a un besoin évident de transparence sur les critères fixés, mais aussi sur les contrôles effectués et les résultats obtenus ».
Pas d’angélisme prématuré envers le CSPO, donc. Les chercheuses gembloutoises rappellent également que, même si cette voie semble le meilleur moyen pour établir la durabilité environnementale et sociale de l’huile de palme, elle ne résout aucun des problèmes nutritionnels. Et que sur le plan macroéconomique, l’Europe et les Etats-Unis représentent, à eux deux, à peine 25 % de la consommation mondiale d’huile de palme, le marché asiatique étant à ce stade peu sensible aux arguments « durables » (NDLR : à l’instar du bois tropical labellisé). Mais sans doute faut-il un début à tout… « Plus le label CSPO sera connu, plus la demande d’huile certifiée sera forte ; et plus la pression du marché s’exercera en faveur de plantations respectueuses de l’environnement et des paysans », commente Sophie Delacharlerie.
Si une plus grande transparence est assurée, on peut raisonnablement espérer que le consommateur acceptera de payer son huile de palme un peu plus cher. Mais à lui, également, d’accepter que certains produits de son caddie subissent une légère évolution de goût ou d’aspect lorsque d’autres matières grasses ou d’autres combinaisons de celles-ci sont utilisées (3). Après tout, ce serait tout bénéfice pour sa santé. Quant à l’industrie, estiment les chercheuses, elle devrait elle aussi mettre la main à la pâte et arrêter de se retrancher derrière l’argument « c’est le consommateur qui nous dicte ses choix ». « Elle a, elle aussi, une part de responsabilité sur les choix du plus grand nombre, par exemple lorsqu’elle met sur le marché des produits douteux sur le plan nutritionnel, sans réflexion à long terme sur les maladies de civilisation telles l’obésité ».
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