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Faut-il bannir l’huile de palme ?
12/12/2012

Une huile de palme certifiée

Cette imprécision, voire cette méconnaissance, porte aussi sur une facette méconnue de la « question » huile de palme : le CSPO. Or cet aspect pourrait constituer une des principales voies de salut face aux difficultés évoquées. Le CSPO (« Certified Sustainable Palm Oil ») est l’huile de palme certifiée durable. Commercialisée depuis 2008, cette huile provient de palmiers cultivés dans le respect de 8 principes et 39 critères mis au point par tous les acteurs de la filière, mais aussi par des organismes financiers et des ONG (et non des moindres : WWF, Oxfam, etc.). Ces lignes directrices ne visent pas seulement à freiner voire empêcher la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre. Elles ont également pour ambition d’assurer des revenus décents aux cultivateurs et de développer le respect de leurs droits sociaux.

A l’heure actuelle, seuls 4 à 5 % de l’huile de palme produite à l’échelle de la planète respectent les critères CSPO, mis au point par la RSPO (Roundtable for Sustainable Palm Oil, Table ronde sur l’huile de palme durable). C’est encore peu, notamment en raison de la jeunesse de l’initiative et du laps de temps nécessaire (quatre ans) avant que les premières plantations certifiées produisent leurs fruits. Sophie Delacharlerie et Marianne Sindic notent, cependant, que 5 des 6 grands distributeurs belges et français contactés par leurs soins considèrent aujourd’hui cette huile durable comme une alternative acceptable du point de vue environnemental.

Voilà qui est encourageant. Là aussi, néanmoins, il semble y avoir un déficit d’informations du côté du consommateur. Ainsi, si une personne sur trois consultées par les chercheuses dans le groupe « tout public » se montre favorable au principe d’une huile durable, seuls 7 répondants sur 210 connaissent réellement l’huile labellisée CSPO ! Quant au public « scientifique » interrogé, seuls 2 répondants sur 35 déclarent connaître le CSPO. Et… aucun n’a reconnu le logo, ce qui est d’autant plus criant que la plupart des sondés connaissent le label FSC (Forest Steward Council), apposé sur les produits dérivés du bois et philosophiquement assez proche. 

« Bien plus qu’un boycott de l’huile de palme, la CSPO – ou un système équivalent – semble à l’heure actuelle la meilleure voie possible pour promouvoir la durabilité de la filière huile de palme, commente Marianne Sindic. Mais il manque une communication volontariste sur ce type d’alternative ». Cet effort de promotion s’annonce délicat, car la filière CSPO est actuellement soumise à un paradoxe : alors qu’il n’y a évidemment pas assez d’huile certifiée sur le marché mondial pour répondre ne fût-ce qu’à la demande des producteurs agroalimentaires européens (dans l’hypothèse où ceux-ci y auraient recours pour l’intégralité de leurs produits), l’huile CSPO actuellement disponible ne trouve pas acquéreur. En 2010, par exemple, moins de la moitié de l’huile certifiée selon cette méthodologie a pu être écoulée. Si une certaine spéculation peut expliquer ce paradoxe, il est un autre facteur permettant de comprendre la lenteur du développement de l’huile certifiée : en proposant plusieurs niveaux de certification - donc de garanties - aux consommateurs, la RSPO pèche par manque de transparence et de lisibilité. Et cela, les ONG les plus critiques ne se privent pas de le dénoncer.
tranchespain

(3) Actuellement, les producteurs ne sont pas tenus d’afficher sur leurs produits la nature exacte de la (les) matière(s) grasse(s) végétale(s) utilisée(s). Ils y seront obligés dès 2014 à la suite de l’entrée en vigueur d’un règlement européen. L’étiquetage nutritionnel portera également sur la teneur exacte en acides gras saturés.

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