Ces encres (et imprimantes) qui trahissent le suspect
Modus operandi
La quatrième cartoucheUn ultime apport original de cette recherche doctorale mérite qu'on en dise quelques mots. Dans un chapitre entièrement consacré à cette thématique, Laetitia Heudt se focalise ainsi sur les encres 'jet d'encre' noires, lesquelles, en raison de leur spécificité, nécessitent une approche différente des encres couleurs. « De telles encres n'avaient, à ma connaissance, pas encore été étudiées » souligne la chercheuse, dont le travail sur les encres noires a d'ailleurs été salué par plusieurs experts. Ici encore, les techniques Raman, LDI et MALDI ont été évaluées sur base de dix échantillons d'encres imprimées. « Nous imprimons la plupart du temps en noir et blanc. C'est donc la quatrième cartouche de notre imprimante qui est le plus souvent mise à contribution ». Ceci pose, cependant, un problème majeur, dans la mesure où le pigment principal de ces encres noires — le noir de carbone, un pigment très courant également utilisé dans les crayons noir — donne invariablement le même spectre lorsqu'il est passé au crible de la spectroscopie Raman. Cette méthode n'est donc pas du tout discriminante d'une marque d'encre à une autre. « En revanche, l'analyse LDI permet de déceler, dans les dix échantillons, un polymère caractéristique, dont la masse est à chaque fois différente. Par ailleurs, on remarque, à basse masse, en comparant les spectres deux à deux, des pics spécifiques présents dans une encre et non dans l'autre. L'addition de ces deux types d'informations permet de discriminer les encres de marques différentes, mais également de modèles différents ». En collaboration avec un post-doctorant nord-américain, Laetitia Heudt a alors cherché à systématiser la comparaison en développant pour cela un logiciel informatique permettant de comparer rapidement et objectivement un grand nombre de spectres. « Ce système nous permet de faire un premier balayage: discriminer entre eux les échantillons très différents l'un de l'autre, et ceux qui se confondent dans une sorte de zone tampon. Le résultat est un score de similitude entre chaque encre de la population envisagée ». Toute la lumière n'a, bien entendu, pas encore été faite sur la composition chimique des encres ici étudiées, qu'elles soient noires ou de couleur. « Des séries d'encre n'ont pas été discriminées via la séquence analytique proposée, alors même qu'elles proviennent de cartouches différentes. Vu le coût élevé du développement, lorsqu'une encre de très bonne qualité est élaborée, les fabricants l'utilisent en effet dans différents modèles de cartouches commerciales. Les différences se situent alors au niveau de l'électronique ou encore du design, du système d'expulsion de la goutte d'encre, etc. » Autant de différences qui ne sont pas détectées par l'analyse chimique de l'encre. « Il reste donc difficile de lier un échantillon d'encre à une cartouche commerciale déterminée, et donc à un modèle d'instrument ». Page : précédente 1 2 3 4
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