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L’aube spirituelle de l’humanité
16/11/2012

Dans son dernier ouvrage (1), Marcel Otte nous livre un autre récit de la préhistoire. Bien sûr, les os et les outils gardent toute leur importance. Mais ce sont davantage les symboles, les œuvres d’art, et autres traces indirectes des capacités intellectuelles des hommes préhistoriques qu’interroge le préhistorien de l’Université de Liège. Avec, en filigrane, une question : quel est ce souffle qui animait nos ancêtres ? Qu’est-ce qui les a motivés pour entamer le chemin qui a abouti à l’humanité d’aujourd’hui ?
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L’ouvrage commence de manière quelque peu brutale, par des excuses à Charles Darwin : «Excusez-nous, Charles Darwin, car votre théorie si courageuse va ici être mise à mal : nous avons choisi d’écarter les ossements pour nous intéresser à leur fonction et, au-delà, aux treillis de pensée qui les a fait naître, aimer, ouvrir des voies, tester, oser, rêver. » Voilà qui ne plaira sans doute pas à tout le monde, aux biologistes en premier lieu. Pour Marcel Otte, professeur de préhistoire à l’Université de Liège, les premiers hommes n’ont cessé de faire des choix, mais des choix qui ne doivent pas tout à la sélection naturelle. On ne devient pas poète,  explorateur, savant en répondant aux lois de la génétique : « l’argument tiré de la chair et des ossements ne touche pas l’essentiel : il ne dit rien de qui je suis, il n’explique pas pourquoi j’écoute Bach ou Bruce, ni pourquoi la Joconde me sourit. » Aucune « loi » -Marcel Otte met toujours ce terme entre guillemets !- biologique, aucun déterminisme environnemental ne peut expliquer notre parcours. L’homme a toujours été appelé vers un ailleurs, vers d’autres horizons et il y a toujours eu des individus pour relever ce défi, pour explorer l’inconnu. Et cela continue aujourd’hui. D’où surgit sous la plume de Marcel Otte ce maître-mot : l’audace. « A tous les stades du développement, on voit surgir l’audace », martèle-t-il.

De la forêt à la savane

Schématisant à grands traits l’origine de l’humanité, Marcel Otte rappelle tout d’abord que si les ancêtres des grands singes actuels ont choisi de rester dans la forêt équatoriale, milieu qui leur était certes favorable mais qui était en régression, tant en Afrique qu’en Asie du Sud-Est, d’autres espèces ont choisi de se répandre dans les savanes naissantes. Dont nos ancêtres, les seuls à avoir survécu à ce défi. Pour cela, bien sûr, il a fallu la bipédie. Mais d’autres espèces animales sont bipèdes, sans que cela ait affecté leur développement intellectuel. La bipédie est donc nécessaire, mais pas déclenchante selon Marcel Otte. Par contre, des acquis comportementaux ont aidé à la survie de l’espèce, comme un accroissement de l’alimentation carnée, ce qui a renforcé l’organisation sociale des groupes et leur cohérence et donc favorisé l’apparition du langage sous toutes ses formes et de la solidarité.

(1) A l’aube spirituelle de l’humanité. Une nouvelle approche de la préhistoire. Marcel Otte, Paris, 2012, Odile Jacob, 190 pages.

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