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La vie culturelle liégeoise des années 1980
21/11/2012

L’architecture

Dans ce même domaine resté à l'abri des effervescences consuméristes de la ville, la décennie 1980 voit la poursuite et l'épilogue de différents chantiers entrepris antérieurement – facultés de Droit, d'une part, et de Psychologie et des Sciences de l'éducation, d'autre part  – ainsi que la construction d'une nouvelle faculté de Médecine vétérinaire. Sont inaugurés à la même époque l'Institut d'électricité Montéfiore, le CHU et le Centre sportif du Blanc Gravier. Plusieurs architectes ont mené à bien l'édification de ces bâtiments, au rang desquels figurent Claude Strebelle, André Jacqmain, Daniel Boden, Charles Dumont, Jean Maquet et Charles Vandenhove. Ce dernier interviendra d'une manière décisive dans le centre historique de Liège, veillant avant tout à y recréer des îlots de convivialité et de rencontre : celui de la cour Saint-Antoine, bâti autour d'une place centrale et préservé de la marée automobile, est une réussite à cet égard, tout comme l'est la restauration du quartier Hors-Château. Cette production architecturale, auquel ne fut pas étranger René Greisch (ponts haubannés), a rompu avec la démesure déstructurante des années 1960-1970 qui avaient tellement altéré la physionomie de la cité mosane.

espace-nord

La photographie   

On le voit, en matière d'architecture, certains noms se sont imposés à Liège dès avant les années 1980. Il en fut de même pour la photographie : celui d'Hubert Grooteclaes vient immédiatement à l'esprit, cet ancien autodidacte qui, comme enseignant à l'Ecole supérieure des Arts Saint-Luc, a formé quantité de jeunes étudiants dont beaucoup reconnaissent aujourd'hui encore l'influence. Existe-t-il pour autant une école liégeoise de photographie ? Pas vraiment, même si la plupart des photographes qui ont exposé et continuent régulièrement de le faire se connaissent, ne fût-ce que grâce à ce lieu ouvert au public et aux expos qu'est la Galerie Photo du Centre culturel Les Chiroux, sans parler des Rencontres internationales de la Photographie d'Arles qu'ils fréquentent assidûment chaque année. Mais ils ont pour la plupart un style et des techniques propres, ce qui fait évidemment d'eux des artistes à part entière. Qu'il suffise de signaler qu'au contraire de leurs prédécesseurs pour qui prévalaient surtout les reportages sur l'état de la société et d'une façon générale la pratique du documentaire, eux s'adonnent plus volontiers à l'introspection, avec des échappées souvent audacieuses vers l'imaginaire. Quant à les citer tous, au risque d'en oublier, ce serait plus long que le plus long des inventaires à la Prévert, preuve manifeste de ce que la photo – qu'elle soit acte de communication ou création artistique – s'est imposée depuis belle lurette dans notre société de l'image. On peut espérer qu'elle trouve bientôt à Liège, comme c'est le cas à Charleroi, un musée à elle consacré.

Le cinéma      

Le champ de la création audiovisuelle, par contre, s'est structuré plus tôt, fédérant les forces vives liégeoises. En témoignent les deux catégories qui ont présidé à la professionnalisation et à l'institutionnalisation de la production cinématographique, à savoir les ateliers de cinéma et les maisons de production proprement dites. Parmi les premiers ont émergé d'abord le Collectif Dérives de Jean-Pierre et Luc Dardenne, dont la démarche à forte teneur sociale s'est employée à mettre en perspective l'histoire du mouvement ouvrier, puis Caméra enfants admis,  qui initiera des milliers de jeunes au cinéma d'animation tout en les formant à une citoyenneté responsable, Wallonie Image Production (WIP) enfin, dirigé par Christine Pireaux et arrimé à une mission de service public : soutenir en priorité les projets de documentaires de création. En ce qui concerne les maisons de production, par ailleurs, il convient de faire mention de celle dénommée Les films de La Drève, créée dès les années 1970 par le Verviétois Jean-Jacques Andrien, l'auteur du long métrage Le Grand Paysage d'Alexis Droeven (1981). L'année 1984 voit la fondation des Films de la Passerelle : ici naissent des œuvres résolument engagées, tournées en tout cas vers des préoccupations socio-économiques et politiques – comme celles qui irriguent Hiver 60 de Thierry Michel. Et avant que les frères Dardenne ne forment leur nouvelle société de production Les films du Fleuve en 1994, prélude à La Promesse (1996), Jean-Claude Riga lance Latitudes Productions dans la seconde moitié des années 1980, une maison qui se verra récompensée par le succès du documentaire Ronde de nuit (1984).

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