La vie culturelle liégeoise des années 1980
Il en va souvent des revues comme de certaines amours. Elles naissent d'un coup de cœur partagé, se nourrissent tout un temps de l'enthousiasme de leurs fondateurs et puis, la lassitude ou des difficultés – notamment financières – aidant, se meurent à petit feu. Tel n'est pas le cas de celle qui porte le nom d'Art&fact dont le numéro 31 – publié à l'occasion du trentième anniversaire de l'association des diplômés en histoire de l'art, archéologie et musicologie de l'ULg – est consacré aux années 1980 à Liège. C'est peu dire qu'elle tient manifestement la forme. Les arts plastiquesLe parcours du champ créatif liégeois que nous offre la rétrospective de ce numéro de la revue s'ouvre avec une série d'entretiens relatifs aux arts plastiques. S'y dessine dans le domaine concerné, à la faveur d'interviews lestées de la densité du vécu, une cartographie culturelle qui témoigne du foisonnement de l'avant-garde liégeoise au cours de la tranche chronologique envisagée. Jacques Charlier, Patrick Corrillon, Alain Denis, Jean-Pierre Ransonnet, Jacques Lizène et Léon Wuidar évoquent ainsi successivement leurs souvenirs. On est dès lors, privilège appréciable, en prise directe avec chacune des sensibilités de ces artistes. Mais que seraient ces plasticiens sans les lieux de création et de promotion ? Les principaux endroits dédiés aux arts plastiques et démarches novatrices doivent beaucoup, en réalité, au dynamisme des années 1970. Et ici se détachent la galerie Véga, fondée en 1972 par Manette Repriels et dont le caractère international ne tardera pas à être reconnu, ainsi que le Cirque Divers, installé dans la rue Roture en 1977 et animé par Michel Antaki. Même si les galeries restent dans une large mesure les parents pauvres des années 1980, celles-ci voient tout de même la mise en place par de jeunes artistes de nouveaux centres d'exposition et d'épanouissement : ce sera L'A, fondé par Jean-Pierre Ransonnet, Marie-Henriette Nassogne, Guy Vandeloise et Juliette Rousseff ; ce sera aussi, installé dans le siège administratif d'un ancien charbonnage rue Vivegnis, Espace 251 Nord qui voit le jour grâce à Laurent Jacob et Johan Muyle. Entreprises auxquelles il importe d'ajouter celle de Daniel Dutrieux, premier initiateur d'un art public urbain, et La Châtaigneraie, bâtiment flémallois datant du XIXe siècle désormais dévolu à la promotion artistique et aux expositions. Le même souci d'ouverture à la société a animé la création du Musée en Plein Air du Sart Tilman, qui doit beaucoup à l'architecte Claude Strebelle ainsi qu'à son conservateur Jean Housen. La philosophie générale de cette institution muséale hors du commun était déjà contenue dans ses statuts datant de 1977 : « L'association [l'asbl] a pour objet la promotion des arts plastiques et l'animation culturelle qui s'y rapporte, ce, pour le public le plus large dans le domaine universitaire du Sart Tilman. » A ce jour, dans ce site boisé, sont établies un peu plus d'une centaine d'œuvres répondant à la préoccupation constante d'intégrer arts plastiques et architecture. Rien de plus agréable pour les déambulations champêtres et autres rêveries solitaires... |
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